mercredi 18 juillet 2012

CET ÉTÉ, JE FERAI UN JARDIN ( SUITE )




Quelques photos de fleurs, prises dans mon jardin, cet après-midi. Je les publie, en fait, que pour me faire plaisir ! [ Conscient que je suis qu'il n'y a rien, ici, pour envoyer un télégramme à qui que ce soit: un post très moderne suffit ;-) ]




samedi 14 juillet 2012

QUATORZE JUILLET: À PROPOS D'ÉGALITÉ ET DE JUSTICE



Camille Desmoulins, soulevant le peuple de Paris, juillet 1789


Peu d’événements sont aussi historiquement significatifs que la prise de la Bastille, à Paris, le 14 juillet 1789. Camille Desmoulins, alerté, incandescent, qui est à l’origine directe de l’événement, en restera à jamais célèbre. En 1789, il n’avait que 29 ans. Il mourra, guillotiné, à 34 ans. Entretemps, il n’aura de cesse de rappeler l’événement, de s’honorer du succès impensable d’un soulèvement populaire qu’il avait puissamment contribué à déchaîner. « À la lanterne », les ennemis du peuple ! Mais ce qui a rendu la « journée » possible, bien davantage que le verbe brillant de Desmoulins, c’est le refus des soldats, stationnés aux Invalides, de réprimer à coups de fusils et de canons le peuple de Paris réclamant des armes, sûr que le Roi concentrait des troupes, les dirigeait vers la capitale, allait réprimer dans le sang les débuts encore fragiles de la Révolution. Une autre révolution, celle de février 1917, a réussi parce que l’armée a là aussi refusé d’obéir aux ordres, a même fraternisé, massivement, avec le peuple de Saint-Pétersbourg, affamé, épuisé, soulevé contre la tyrannie tsariste.

Je me rappelle encore de manifestations où l’on criait, naïvement, en l’espérant sans vraiment y croire : « Policiers, dans la rue ! », tant la défection massive des forces de l’ordre, et leur ralliement à la cause de l’insurrection, sont restés dans la légende magnifiée des grandes révolutions, devenus référence incontournable des insurrections victorieuses de 1789 ou de 1917.

Il s’en faut encore, et de beaucoup, que les policiers de Montréal descendent dans la rue, autrement que pour contrôler, réprimer, pourchasser des manifestants ! Et pourtant, la situation actuelle, pour ce qui est de l’écart scandaleux des fortunes, comme de la faillite des finances publiques, rappelle étrangement la situation française de 1789. Même le « château » de Sagard, absurde caricature d’Ancien Régime, est devenu, tout récemment, une sorte de nouveau « Versailles », lieu de Cour d’une élite qui jouit des plaisirs et des privilèges de la classe dominante. Les grandes fortunes états-uniennes se montrent, s’étalent au grand public, n’ont jamais honte d’elles-mêmes, se jouent du système fiscal sans que ça n’embête vraiment la foule des curieux admiratifs ; ici, l’argent se dérobe aux regards critiques, ou moqueurs, l’argent corrompt au noir, et en lieu sûr… Sagard se cache au fin fond d’une forêt immense, d’un parc sans fin. Se cacher, c’est aussi maintenir dans l’ignorance, et dieu sait que cette stratégie de l’obscurantisme a su, ici, tenir le joug depuis belle lurette... Les Québécois, comme les Français, préfèrent l’égalité à la liberté, surtout quand il s’agit d’une liberté qui prône les valeurs parfaitement immorales du néolibéralisme. Mais l’égalité, au pays de l’école républicaine comme au Québec, c’est d’abord dans l’accès à l’éducation laïque, gratuite et universelle qu’elle trouve son principe essentiel.

On a longtemps dit, et cru que la Révolution française avait peu marqué le Québec, nourri bien au contraire de contre-révolution. À considérer les jours actuels, et ce qui marque depuis toujours la culture populaire québécoise, à qui on reproche de « ne pas aimer les riches », on peut douter de cette certitude, répétée mille fois, que le Québec ne doit rien à la Révolution ; il faudrait refaire nos leçons d’Histoire ; il faudrait se rappeler que nous descendons de Français qui déjà, avant même 1789, se soulevaient contre les impôts, les privilèges, et le mépris des bien nés. « La liberté ne va pas sans la justice », disait Desmoulins. Cette assertion a traversé l’Atlantique ; elle est, je crois, au cœur des convictions primordiales du peuple québécois.
Bonne fête nationale à la France, à qui on doit tant.





Sagard
Source: http://socioeconomie.wordpress.com/2012/05/30/charest-et-sarkozy-desmarais-le-plus-riche-des-milliardaires-quebecois/