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dimanche 13 mars 2011

BORN THIS WAY


Pierre: photo prise à ses 7 ans, en 1977



Le site commence à faire parler de lui. À peine créé, il connaît un énorme succès, de fréquentation d’abord ( près de 2 millions de visiteurs, en quelques mois seulement ), succès qui se répercute maintenant dans les médias traditionnels qui s’intéressent au phénomène. Et il faut bien le dire, le concepteur a eu là une idée de génie. Et c’est, au sens premier de l’expression, une véritable ouverture sur le monde, le monde différent, encore persécuté, méprisé, marginalisé, caché, parfois condamné à mort, parfois poussé au suicide. Et pourtant, c’est une chose certainement naturelle, surtout quand elle s’accompagne de bienveillance, qu’elle est soutenue par des parents aimants ; et c’est une condition probablement innée. En tout cas c’est là la thèse du site BornThisWay, qui propose à des hommes et des femmes adultes, qui ont reconnu et assumé leur orientation sexuelle homosexuelle, de rappeler, photos à l’appui, comment ils en ont pris conscience durant leur enfance, et comment cela pouvait être flagrant pour leur entourage. Juste à voir…
J’aurais aimé avoir l’idée d’un pareil site ! J’y ai passé hier, et encore ce matin, des heures heureuses, amoureuses, réconfortantes. BornThisWay est l’exemple même de ce qu’Internet peut offrir de meilleur, un parfait exemple d’ouverture au monde et sur le monde.
Le cyberespace permet l’intimité avec la tragédie japonaise. Il permet de participer au soulèvement des populations d’Afrique du Nord, permet à l’Amérique latine de prendre conscience de son unité de culture et d’intérêt, comme jamais auparavant, et le rêve de Bolivar n’est peut-être, désormais, plus inaccessible. Internet a permis l’élection de Barack Obama, révolution en soi, même si le Président déçoit depuis, de plus en plus. Internet permet de dire, de montrer, de dévoiler, de dénoncer. Le Web innove, implique l’internaute directement, personnellement, dans de nouvelles formes d’aide internationale ( Sur cette question, il faut voir le site remarquable : http://seeyourimpact.org/ ). Prenons donc bien garde aux conservateurs de tout acabit qui s’en inquiéteront, de plus en plus, et qui voudront censurer le réseau, non pas pour encadrer ce qui pourrait déraper vers des activités criminelles ( je pense, par exemple, à la diffamation, trop facile quand elle est couverte par l’anonymat, ) mais pour simplement faire taire et cacher ce qui pourrait ouvrir les esprits, les mentalités, les affections à toute espèce de genre humain.
Je souhaite de tout cœur qu’un site comme BornThisWay puisse contribuer à sauver des vies. Ce serait là son seul apport qu’il serait déjà énorme, essentiel au bien-être commun.

Source: http://borngaybornthisway.blogspot.com/




Ajouté le dimanche 3 avril: 
Les Français, via l'excellente revue Yagg, ont repris le modèle américain, en l'adaptant au public d'outre-Atlantique: tout aussi intéressant, tout aussi attachant.
http://dejatoutpetit.yagg.com/




mercredi 12 janvier 2011

HAÏTI: UN AN PLUS TARD




Serge Chapleau, Cyberpresse, 19 janvier 2010




Il y a un an aujourd'hui, Haïti était dévastée. L'élan de générosité qui a suivi a été fabuleux: des milliards, en dons publics et privés, ont été promis à ce petit pays des Antilles, la « perle », dit-on, sans rire, des milliards qui allaient — enfin — refaire le pays sur des bases neuves, presque une nouvelle Indépendance, réussie celle-là.

Le pays ne s'est pas refait. Et j'espère que personne, vraiment personne n'a profité de l'occasion trop belle pour se « refaire », au détriment des 300,000 morts que le séisme a laissés sous les décombres.

Le pays ne s'est pas refait, parce que, entre autres raisons, l'argent promis est bloqué: stocks stériles de fric en attente, qui vont finir par pourrir comme de vieux aliments accaparés pour mieux faire monter des prix revigorés par la rareté. Là-dessus, les spéculateurs savent depuis toujours comment s'y prendre pour faire fond sur toutes les aubaines qui se présentent. Et l'extrême misère est une possibilité en or — en or, c'est le cas de le dire. Le prix de la reconstruction va monter en flèche, comme de juste; de quoi saliver pour ceux et celles qui ont eu la patience d'attendre, chèque en main, que les circonstances soient financièrement meilleures.

L'argent est bloqué parce que, semble-t-il, les processus administratifs sont trop lents, trop complexes. Les projets sont mal identifiés. Il devrait y avoir crime contre l'humanité quand l'administration respecte des « normes » qui accélèrent la tuerie. Parions que l'administration n'oublie pas, cependant, de calculer au plus vite les primes auxquelles elle a droit.

En attendant, jour après jour, on « regarde » Haïti, de loin, et on fait semblant de pleurer sur son sort. On se nourrit à plein de bons sentiments. On fait du tourisme miséreux, comme on dit du tourisme sexuel. On est curieux d'images obscènes, que les bulletins de nouvelles recherchent de sang-froid. J'imagine le ou la journaliste à son caméraman: « On l'a eu, le p'tit bras toujours sous les décombres ? On l'a eue, la bonne femme qui vit son choléra en pleine rue ? »...

J'exagère.

N'empêche, Chapleau avait vu juste, extraordinairement juste, quand il avait dessiné cette caricature, exactement une semaine après le tremblement de terre, quand la terre tout entière se lamentait comme des pleureuses grecques.