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dimanche 11 mars 2012

ONZE MARS


Paul Gauguin, Nature morte avec fleurs et idole, 1892



C’est mon anniversaire de naissance.

Normalement, je me fais, cette journée-là, le plus discret possible. C’est comme ça depuis toujours, ou presque. J’imagine que je suis resté petit, que je suis resté blessé. Je ne trouve rien de drôle à me laisser fêter. Je suis bien quand je passe inaperçu. Je crois difficilement qu’on puisse m’aimer. C’est narcissique, je sais bien ; mais c’est aussi douloureux, parce que je ne pardonne pas qu’on m’oublie ! Je supplie qu’on m’aime, silencieusement : c’est comme ça depuis toujours ; j’ai peur de rester seul, mais je ne risque pas le rejet. De sorte que, pour moi, depuis longtemps, le mois de mars, c’est plutôt le printemps qui s’annonce et se ressent, et le 11, souvent, ce sont les premières chaleurs qui remontent du sud. Les bourgeois sortent en masse, gagnent le Vieux-Montréal, retrouvent le fleuve Saint-Laurent gorgé, vif et tonnant, comme jamais. C’est là qu’est le vrai plaisir de ma fête, depuis longtemps, depuis toujours. 

Et pourtant.

Et pourtant, il y a Alcib, qui vient tout juste de me laisser un message, ce qui m’a décidé à écrire ce petit billet. Il y a cet ami, aussi, qui voyage en Asie en ce moment, mais qui a pensé, ce soir – c’est déjà le 11, là-bas, - à m’envoyer un courriel à ma santé et à mon bonheur. Il y a ma sœur ( jumelle ! ) qui s’est moquée gentiment de l’âge tordu qui devient le mien. ( Avec galanterie, je dirai que le sien tarde un peu ! ) Il y a mon Chum qui, comme moi, ne sait trop que faire de son anniversaire, et d’ailleurs de tous les anniversaires, mais qui n’a pas oublié de demander au Grand Copain d’organiser quelque chose, dimanche en soirée, au resto, avec quelques amis que j’aime beaucoup, un dîner steak-frites, ventrée banale que j’adore, un petit plaisir qu’ils me laisseront tous apprécier sans trop protester du réchauffé de la fête, et du danger qu’il y a pour mon tour de taille ! J’espère que les amis seront là. Le Chum sera là. Le Grand Copain sera là. Je montrerai que je sais, désormais, recevoir de l’affection, sans trop m’en faire.

J’avais 17 ou 18 ans quand, une année, j’avais carrément refusé qu’on me fête, surtout en famille. J’avais demandé, imposé le silence là-dessus. Le dîner se déroulait normalement, quand ma mère s’était risquée: « bonne fête, Richard ! » Mon père s’était fâché, avait crié : « il ne veut pas, il ne veut pas, laisse-le tranquille ! » Ma mère a pleuré. J’avais beau savoir pourquoi je faisais ça, et quel compte je réglais, je ne me suis jamais pardonné les larmes de ma mère. Ce 11 mars-là, je ne l’ai jamais oublié. Ce soir, je serai autrement, plus vieux et plus généreux. Voire, plus heureux et plus libre. On mérite tous nos anniversaires.

Bonne fête, Richard !


PS. Bien honnêtement, il y en a un autre, dont c'est l'anniversaire; je me suis librement inspiré du texte qu'il a écrit là-dessus. Il ne m'en voudra pas. 

PS. ( 12h15 ) : Ma jeune soeur « jumelle » m'a fait parvenir cette carte de voeux, irrésistible, authentique petit moment de bonheur ! C'est avec son accord que je la publie, ici. Une fois n'est pas coutume ! Merci mille fois ! ( Elle est superbe, ma soeur jumelle, non ? )













Ça vient tout juste d'arriver, du Chum ! ( Photo prise avec le iPod, avec recherche d'effets - quant à faire de la pub ! )