Bruegel l'Ancien. La parabole des Aveugles. 1568.
Quand l’Univers sera vieux, dans 50 milliards d’années, la distance séparant les amas, les nébuleuses, les galaxies et les objets sera si grande que le noir séparant les points lumineux effacera toute lumière. Les étoiles seront aveugles les unes aux autres parce que le noir aura tout noirci. Nous serons bien avancés. L’expansion de l’Univers connu est l’annonce d’une immense solitude, d’un isolement glacial dans le milieu de rien. Or, voilà la finalité du monde : l’érosion, l’épuisement, l’aplatissement. Car il est clair que l’Univers manufacture du rien à la vitesse de la lumière, il fabrique du vide à la mesure d’une énergie qu’il disperse à l’infini. Nous sommes un mince filet entre deux néants : le temps passé qui s’accumule, et le futur qui est si creux que nous ne parviendrons jamais à le meubler... Le néant est si plat que la lumière y meurt d’ennui.
- Serge Bouchard, C’était au temps des mammouths laineux.