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samedi 19 janvier 2013

SO THAT'S WHY I'M NOT GAY - AARON SWARTZ


Source: Google Images



Aaron H. Swartz s'est suicidé le 11 janvier dernier, le lendemain même du jour où je publiais, sur ce blogue, l'article intitulé « L'homosexualité est un crime contre l'Humanité ». Il avait 26 ans.

Je ne connaissais que très peu Aaron Swartz, et que de réputation, évidemment. Je le savais militant pour la liberté d'Internet, et la libre circulation du savoir en ligne, au plus faible coût possible; je le savais inventeur, concepteur, et brillant informaticien; je le savais poursuivi en justice pour un acte de piraterie informatique que, lui, percevait comme une rébellion militante, comme le geste d'un battant.

Sa famille accuse les excès de procédure d'être responsables de son suicide. Certains de ses proches rappellent cependant une détresse, constante, qui l'aurait ravagé jusqu'à l'anéantir.

Détresse ? Et si ce jeune homme avait souffert d'homosexualité ? 

Le 8 septembre 2009, il signait, sur son blogue, un billet qu'il a intitulé «Why I am not gay» : simple, calme et transparent. Son texte, sur une question aussi intime, et quoi qu'il prétende, en est un d'activiste solitaire; l'analyse est sans amertume apparente, et sans souffrance; mais de fait, elle ne se sépare en rien des autres engagements sociaux de Swartz; elle propose l'interprétation la plus indépendante possible, et qui va de soi, à ses préférences sexuelles. Il n'y a pas, écrit Swartz, d'identité gay. Il n'y a que des actes, des instants de libre choix, des moments de bonheur. 

Je ne suis pas sûr de ses arguments. Je ne suis pas même certain qu'il n'ait pas considéré, à contrario, son militantisme comme faisant partie intégrante de son identité, et non pas comme une simple succession d'actes sensés, posés par libre choix. Peut-être Aaron Swartz souffrait-il de son homosexualité. Peut-être au point d'en mourir. Son plaidoyer, libre et magnifique, doit pourtant être lu: c'est le texte d'un jeune homme qui s'est renseigné, c'est évident, et qui comprend parfaitement bien ce qu'il a fallu dire et faire, avant lui et par d'autres, pour s'assurer d'être libre de sa vie; pourtant c'est un manifeste qui dénonce l'instrumentalisation d'une identité gay qui n'existerait pas en dehors du fantasme protecteur qu'il procure. I'm not born this way, no way... C'est un texte sur la vie qui désire.

Aaron Swartz est resté libre de ses actes. Il s'est donné la mort. Et c'est précisément cette mort qui remet en question, radicalement en question, la conviction qu'il avait de n'être, lui, déterminé par aucune identité, et de ne s'être laissé librement guider que par des actes de joie, isolés les uns des autres, et vécus en toute quiétude. On peut raisonnablement en douter.





Adresse du blogue: http://www.aaronsw.com/weblog/