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vendredi 13 janvier 2012

HIVER




Je hais l'hiver. Ce n'est beau qu'un court moment, à la première neige, quand l'hiver trompe, donne l'illusion de tout recouvrir à tout jamais, pour tout nier, pour tout remettre à neuf — nos saletés de vie, notre saleté de ville, l'effroyable saleté de notre misère sociale qui cesse de s'agiter, et pétrifie, le glaçon accroché au nez et à la barbe, respirant mal dans la poudrerie, tout près d'agoniser, — pour faire place nette, et propre, et blanche, pour espérer pouvoir tout recommencer dans un monde étrange et inédit. L'hiver est un moment vide. L'hiver est un trompe-l'oeil. L'hiver est un oubli. L'hiver tue. Et c'est au printemps, tous les Montréalais le savent, qu'on découvre la mort bien avant la vie, les déjections de toutes sortes que l'hiver n'a fait qu'entasser sans les putréfier. Durant une tempête de neige, les enfants courent, riant, criant, bouche ouverte et langue sortie, pour avaler le plus possible de flocons. Ils ignorent encore, se laissent illusionner. C'est quand ils pissent dans la neige qu'ils soupçonnent la vérité. La blancheur est de fait écoeurante. C'est un poison qui nous tombe dessus, et qui reste là, des mois durant, à nous narguer.

Je hais l'hiver.