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mercredi 9 novembre 2016

RÉINVENTER LA DÉMOCRATIE





Il y a, au Vermont, un mouvement séparatiste qui ne souhaite réussir (en fantasme) que pour faire imploser les États-Unis. On souhaiterait, aujourd’hui, que la Virginie, le New York, la Californie et l’Oregon se joignent au mouvement. Une bonne partie de la planète espère, du reste, cette implosion. Elle en a assez bavé de la superpuissance en déclin, et de ses nabots, ravageurs, assassins, distribués ici et là à la grandeur du monde. 

Coup de chance, voilà que les États-Unis se donnent un président qui a réussi à faire croire à ses compatriotes que c’étaient eux, les victimes essentielles de la voracité mondiale et de l’immigration affamée, avec la complicité des establishments nationaux. Oubliée, la politique militariste et agressive destinée à sauver l’empire ! Les États-Unis veulent se replier sur eux-mêmes ? — ce qui n’est pas totalement nouveau… Profitons-en ! Je me prends à souhaiter, ardemment, que cette élection de Donald Trump amène la communauté internationale à tourner le dos à ce pays-sangsue; qu’on ignore, désormais, puisque c’est là le désir du président désigné, tout ce qui vient de Washington en forme de diktat. Profitons-en pour que l’humanité puisse se réinventer librement, avec l’appui enthousiaste des progressistes américains, puisqu’il y en a certes encore éparpillés, sans doute un peu sonnés, mais toujours bien vivants. Profitons-en pour réinventer la démocratie, trop souvent conservatrice depuis un siècle et demi, et pour lui redonner la fonction sociale qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’avoir, celle d’être au service de la multitude, sans dieux, ni quelque autre opium du peuple qui terrifie et aliène l’homme pourtant né bon. C’est bien le sens de ce que veut dire la res publica, la chose du plus grand nombre, la chose publique. Il faut réapprendre à lier étroitement les luttes nationales et la « lutte des classes » au processus électoral, à rendre indissociables les idéaux d’égalité et de liberté. 

En attendant qu’on révolutionne, chez nous et ailleurs, partout, le sens même de ce que devrait être la démocratie, j’espère qu’un bon nombre d’Américains feront de cette présidence un véritable cauchemar qui accélèrera ce qui est déjà commencé, l’irréversible déclin de cette bulle d’agioteurs que sont devenus les États-Unis d’Amérique, réalité que leur nouveau président incarne parfaitement.  





dimanche 20 octobre 2013

UNE PLACE POUR CHAQUE FEMME, ET CHAQUE FEMME À SA PLACE







Sidérant. 

Un concept publicitaire remarquable imaginé par Christopher Hunt, pour Femmes ONU/UN Women. 

Le designer a simplement interrogé le moteur de recherche Google, sur ce que les femmes devraient ou ne devraient pas faire, ou pire encore, sur ce dont elles auraient vraiment besoin - dans l'hypothèse où le genre masculin voudrait se pencher sur leurs urgences spécifiques et distinctives.

Ce n’est ni d’égalité juridique ou civile, ni de salaires justes et équitables, ni de libre disposition de leurs corps et de leur sexualité dont il est prioritairement question sur Internet. Non.

Les propositions du célèbre moteur de recherche (en fait, ici, les réponses à des suggestions de recherches volontairement initiées) vont toutes dans le sens des pires préjugés, des clichés les plus crasseux qu’on puisse imaginer. Qui pouvait supposer que ce qu’on désirait des femmes, à la grandeur du monde, du moins le monde qui interroge Google en anglais, était encore à ce point arriéré ? Ces listes de suggestions, faut-il le rappeler, sont générées à partir de questions similaires déjà fréquemment formulées, et des cooccurrences les plus courantes combinées au mot « femmes » par la « littérature » en ligne les concernant.

Le résultat est sidérant, percutant, révélateur: le constat, navrant. Cette pub devrait faire le tour du monde, devrait être vue par tous.

PS J’ai testé «men need to»: le résultat est parfaitement cohérent avec ce que l’on vient de constater... À «gay men need to», Google restait estomaqué, un peu scandalisé, et sans rien à suggérer... 








mercredi 17 avril 2013

LOUISA WALL, OU L'HONNEUR DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE








C'est ma « chose vue » du jour. 

Louisa Wall, députée travailliste de Nouvelle-Zélande, elle-même gaie, et engagée à gauche, a fait adopter par le parlement de son pays un amendement législatif garantissant le droit au mariage pour tous, sans discrimination, et donc, plus encore, le droit à l'égalité, au respect, et à la dignité de toutes les personnes, quel que soit ce qui les spécifie. Personnellement, je m'en fiche, du mariage. Mais je suis conscient, parfaitement conscient, que ce combat en est un d'acceptation, et d'intégration, bien réelles, des hommes et des femmes homosexuels, qui peuvent aussi s'aimer au grand jour, et recevoir, des autres, l'amour auquel ils ont droit. Parce que cette affaire-là, on l'a assez dit, est fondamentalement une affaire d'amour.

Louisa Wall est le contraire, radicalement le contraire, de Frigide Barjot, qui a si fortement contribué à éveiller l'homophobie, la haine, et l'ostracisme, en France comme ici, et ailleurs dans le monde. C'est, à nouveau, le risque de l'expatriation des gays, comme ça l'a été, brutalement, durant des siècles. Mais pas aujourd'hui, pas en Nouvelle-Zélande: regardez comment le parlement néo-zélandais, et le public dans les galeries accueillent l'adoption de la loi ! C'est fabuleux. C'est amoureux. Un moment pareil passera à l'Histoire.




mardi 2 avril 2013

RIEN N'EST JAMAIS ACQUIS, PAS MÊME L'ÉGALITÉ


Source: Stop Homophobie



Ce qui se passe en France (et aux États-Unis), en lutte contre le mariage pour tous, a réveillé la haine, même ici, au Québec, et certainement ailleurs dans le monde. La droite française flirte avec les pires souvenirs historiques qui soient, et emprunte, sans gêne aucune, les méthodes et autres arguments habituellement associés à la gauche quand elle exprime sa colère: la protestation de masse, dans la rue, au nom du peuple exploité et trompé, du peuple qui rompt le silence résigné, s'échappe et gronde enfin, qui s'empare des moyens de défense ultimes qui lui restent, la violence urbaine, la confrontation avec les forces de l'ordre, le dénigrement de l'État, les appels à la démission, et bien sûr, la dénonciation des grands médias, décriés comme merdias, par collusion avec le pouvoir...

Ça ne nous rappelle pas, à nous Québécois, quelque chose de très récent, dites ?

Je veux bien que l'aliénation nourrisse la colère, même quand elle dérive à droite toute: on a assez dit, avec raison, que l'islamisme avait remplacé le marxisme. Hugo Chavez, que j'aimais tant, avait bien compris le phénomène, pour lui simple accident de l'Histoire, parenthèse philosophique sans conséquence sur la révolution à venir, inévitable. Il n'était pas le seul. Des collègues historiens ont eu cette analyse, ont tenu ce discours de connivence. Il y a pourtant à réfléchir, désormais, sur la parenté des façons de faire, entre gauche et droite. Ce n'est pas la première fois, dans l'histoire contemporaine, que cette équivalence délibérée devient manifeste, et fière de ce qu'elle fait. Et il y a certainement une responsabilité à y avoir, à gauche, quand on justifie si facilement l'action de la rue, l'agitation-propagande, et l'insubordination, parce que la méthode peut se retourner, terriblement, contre les idéaux les plus équitables, et les plus nobles. Ce qui se passe en France est un dérapage grave, qui pourrait tout aussi bien arriver aux États-Unis (où la droite se travestit en Tea Party, s’approprie du souvenir révolutionnaire, et autorise, du coup, l'expression possible d'une violence réactionnaire), ailleurs en Europe ou au Proche-Orient, ici même au Québec. En France, la droite ne résiste plus aux appels extrémistes. Et elle a le culot de parler du «printemps français». Le printemps français ! Contre François Hollande ! On croit rêver. Rien n'est jamais acquis à l'Homme, disait Aragon. Il semble, en effet.

La haine me fait peur. Il arrive, parfois, qu'elle s'enorgueillisse de s'exprimer «librement», d'autant plus que, même en 2013, peu de personnes se risquent à protester contre le rejet agressif des minorités sexuelles, de crainte d'être perçues comme sexuellement équivoques. Eh, t'es pas pédé, toi ? Tu serais pas un hostie de fif ?... Le droit à l'égalité face au mariage, c'est en fait le droit à l'égalité en soi, et le droit de se dire, également, pour tous. C'est ce que les opposants ont parfaitement saisi, d'où la haine, visqueuse, qui se répand. Qu'arrivera-t-il, quand la haine en prendra plus large encore, et que la droite, par dizaine de milliers, dans la rue, gonflée à bloc par ce qu'elle verra comme un combat héroïque, élargira son cercle d'ennemis ?

Rien n'est jamais acquis. Pas même l'égalité en droit. Pas même la démocratie. C'est à la gauche d'y voir, et de mesurer les effets, à terme, de sa logistique habituelle.