Photo: Milo Keller et Julian Gallico
Extraordinaire photographie, qui m'a renversé, quand je l'ai vue et qu'elle m'a saisi, aujourd'hui. Sur Internet, et même sur le ( très beau ) site de l'atelier de design hors classe XJC, la photo n'est jamais déroulée complètement. Pour la trouver dans son intégralité, il m'a fallu fouiller dans le répertoire proposé par les Wallpaper Case Studies, une application spécifique à l'iPad. Depuis, je la regarde, encore et encore, je l'investis. Je suis fasciné, estomaqué, un peu choqué, parfaitement ébloui. Cette oeuvre d'art est d'une beauté à couper le souffle. Et pourtant, il y a là-dedans tout ce que je déteste: le glamour, l'ensoleillement des riches, la suffisance, l'autorité, le mépris, et surtout, le corps vieilli, dénié, décoré comme s'il avait encore vingt ans...
Mais quel talent, de photographe, de couturier, de bijoutier, et même d'actrice; une insolence écœurante dans la création; une étonnante culture historique, aussi: encore que pas vraiment surprenante, quand on sait que l'entreprise, qui a voulu souligner de manière spectaculaire son 10e anniversaire de vie, a embauché un ancien du groupe Benetton - Brice Compagnon. C'est lui, semble-t-il, qui a conçu les bijoux, qui a choisi les modèles, qui a inspiré la plastique de l'exhibition anniversaire de l'Atelier. C'est l'arrogance des nouveaux riches sans noblesse, et de leurs fortunes colossales qui scandalisent; c'est l'éloge absolu du pouvoir de l'esthétique, tel qu'Elizabeth 1ère, plus shakespearienne que jamais, n'aurait pu jamais le rêver; c'est la revanche des femmes modernes qui s'emparent des atours androgynes des Sforza, et qui décapitent le souvenir même de Louis XIV...
Cette photo me heurte et m'épate: c'est du grand art. Elle va durer.
Et puis, question de goût, j'imagine.