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mercredi 22 juin 2016

À propos de «Y a-t-il un grand architecte dans l'Univers», de M. Stephen Hawking




(Note:
Le texte qui suit est le statut Facebook le plus long que j’ai jamais publié ! J’en fais avec plaisir un article de ce blogue. Si cela peut intéresser quelques lecteurs…)

Un statut Facebook long, bizarre, étonnant (et sans intention perverse aucune…) :

À propos de Y a-t-il un grand architecte dans l’univers, de Stephen William Hawking: extraits (choisis).

Hawking fait, dans ce livre passionnant, non seulement l’histoire de la physique depuis 3000 ans, mais la démonstration, du moins le prétend-il, de l’inutilité d’un Dieu créateur de toutes choses, inutilité démontrée par la science contemporaine. C’est essentiellement dans sa dimension très actuelle de « dessein intelligent » que Hawking tente — de façon assez convaincante pour le profane en physique que je suis — de prouver que le réel s’est créé de lui-même, qu’il pourrait s’engendrer encore, qu’il crée certainement toujours, et que les seules lois qui valent sont les lois de la physique, parce qu’elles sont « les seules possibles ». Dieu ne joue pas aux dés.

Sa preuve, Hawking la présente, du reste, avec beaucoup d’humour. 

Et il décoche, ici et là, quelques flèches à l’encontre de celles et de ceux qui feignent encore de croire en la magie des signes religieux ostentatoires, et donc dans l’interventionnisme divin — pour tout dire, dans les miracles.

Bref, un livre de santé — qui ne plaira pas dans certains milieux…, mais qu’il faut lire — encore que la synthèse que je présente ici peut vous en dispenser ! (Ce qui serait dommage.)

J’ai lu l’essai de M. Hawking en format EPUB. Il m’était donc impossible de renvoyer les extraits à des pages précises.

PS Évitez de me dire, s’il vous plaît, qu’il s’agit ici d’une variation de l’impérialisme civilisationnel occidental, qui ne convient pas à toutes les aires culturelles… 

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« C’est ainsi [durant l’Antiquité gréco-romaine] qu’a débuté le long cheminement qui allait voir les dieux et leur règne progressivement supplantés par un univers gouverné par des lois, un univers dont la création suivait un schéma que l’on pourrait un jour comprendre. »

« [Nous ] devons (…) nous pencher sur un principe fondamental de la physique contemporaine : la théorie quantique et plus particulièrement l’approche dite des histoires alternatives. Cette formulation nous dit que l’Univers ne suit pas une existence ou une histoire unique, mais que toutes les versions possibles de l’Univers coexistent simultanément au sein de ce que l’on appelle une superposition quantique. (…) En d’autres termes, la nature ne dicte pas l’issue d’un processus ou d’une expérience, même dans la plus simple des situations, mais elle autorise un certain nombre de choix possibles, chacun ayant une probabilité de se produire. (…) L’Univers, en physique quantique, n’a pas un passé ou une histoire unique. »

« … [Le] vide total n’existe pas…[L’]espace n’est (…) jamais vide. Il peut être dans un état d’énergie minimale, ce que nous appelons le vide, mais cet état est sujet à des fluctuations quantiques ou fluctuations du vide – des apparitions et disparitions incessantes de particules et de champs. »

« Il se peut que l’espoir constant des physiciens d’une théorie unique de la nature soit vain, qu’il n’existe aucune formulation unique et que, pour décrire l’Univers, nous devions employer différentes théories dans différentes situations. Chaque théorie aurait ainsi sa propre version de la réalité ce qui est (…) acceptable tant que les prédictions des théories concordent lorsque leurs domaines de validité se recouvrent…»

« Il y a de cela plusieurs siècles, Newton a démontré que des équations mathématiques pouvaient donner une description spectaculairement précise des interactions entre les corps, à la fois sur Terre et dans les cieux. Les scientifiques ont cru un temps qu’on pourrait révéler le futur de l’Univers entier si l’on disposait à la fois de la bonne théorie et d’une capacité de calcul suffisante. Puis sont venus l’incertitude quantique, l’espace courbe, les quarks, les cordes, les dimensions supplémentaires et le résultat de cet effort colossal, ce sont 10100 univers, chacun doté de ses lois propres, et dont un seul correspond à l’univers que nous connaissons. Il est possible qu’il faille aujourd’hui abandonner l’espoir originel des physiciens de produire une théorie unique capable d’expliquer les lois apparentes de notre Univers comme conséquence unique de quelques hypothèses simples. »

Le Big Bang ? « C’est un peu comme si une pièce d’un centimètre de diamètre s’était soudainement dilatée pour atteindre une taille supérieure à dix millions de fois celle de la Voie lactée. »

« En fait, il existe une multitude d’univers auxquels correspondent une multitude de jeux de lois physiques différents. (…) Des fluctuations quantiques conduisent à la création d’univers minuscules à partir de rien. Un petit nombre d’entre eux atteignent une taille critique puis se dilatent de façon inflationniste, formant alors galaxies, étoiles et, en définitive, des êtres semblables à nous. (…) Nous sommes ainsi le produit des fluctuations quantiques produites au sein de l’Univers primordial. »

« Il y a de cela plusieurs siècles, on croyait la Terre unique et située au centre de l’Univers. On sait aujourd’hui qu’il existe des centaines de milliards d’étoiles dans notre galaxie dont une grande partie est dotée d’un système planétaire, et qu’il existe par ailleurs des centaines de milliards de galaxies. Les résultats que nous avons présentés (…) nous indiquent que notre Univers n’est également qu’un parmi tant d’autres, et que ses lois apparentes ne sont pas déterminées de façon unique. Voilà qui doit être bien décevant pour ceux qui espéraient qu’une théorie ultime, une théorie du Tout, allait prédire la nature de la physique que nous connaissons »

« Parce qu’une loi comme la gravitation existe, l’Univers peut se créer et se créera spontanément à partir de rien… »

« Changez même de façon minime ces lois qui régissent notre Univers et les conditions de notre existence disparaissent ! (…) L’émergence de structures complexes permettant l’éclosion d’observateurs intelligents apparaît donc comme un processus très fragile. Les lois de la nature forment un système ajusté de façon extrêmement fine et il est très difficile d’altérer la moindre loi physique sans détruire du coup toute possibilité de développement de la vie dans ses formes connues. »

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Pour faire bref, il n’y a pas de théorie unique de l’univers. Nous sommes le produit de fluctuations quantiques.  Voilà qui doit être bien décevant pour ceux qui espéraient une théorie ultime — comme celle du grand architecte, par exemple. En fait, il est très difficile d’altérer la moindre loi physique sans détruire du coup toute possibilité de développement de la vie dans ses formes connues.











lundi 22 avril 2013

LE SOT, C'EST MOI - UMBERTO ECO


Francisco de Goya. Saturne dévorant son enfant.



« S’imaginer comme élément nécessaire dans l’ordre de l’univers équivaut, pour nous, gens de bonnes lectures, à ce qu’est la superstition pour les illettrés. On ne change pas le monde avec les idées. Les personnes de peu d’idées sont moins sujettes à l’erreur, elles suivent ce que tout le monde fait et ne dérangent personne, et elles réussissent, s’enrichissent, arrivent à de bonnes positions, députés, décorés, hommes de lettres renommés, académiciens, journalistes. Peut-on être sot quand on fait aussi bien ses propres affaires ? Le sot, c’est moi, qui ai voulu me battre contre les moulins à vent. » - Umberto Eco, Le cimetière de Prague, Grasset, 2010.

L'utopiste, le sot, c'est moi aussi. Et pourtant, je sais bien que je ne suis rien dans l'ordre de l'univers; je sais bien que le monde est sans règle ni credo. Il y a des étoiles qui brillent plus que d'autres; il y a des trous noirs qui absorbent tout. Tout cela est sans tourments, pas même inquiet qu'une conscience, essentiellement accidentelle, puisse observer et juger, de très loin, de très, très bas, subalterne sans intérêt, qu'on n'arrive même pas à nommer correctement. Le cadre avec dorures, de peu d'idée, c'est lui que l'on regarde, c'est lui qui hiérarchise l'espace, pourtant il n'est jamais rien de plus qu'une immense vanité, au mieux un reflet de roi, très plat de profil, une chose bête accrochée à un clou. La scène immobile, coagulée sous verre, entourée d'un filet d'or, leurre quelquefois, propose un sens sublime, une lumière inespérée, une stèle spirite dans un cimetière, mais elle se sert de «Dieu» pour racheter son avarice, la plus simple et la plus sordide des idées froides, celle qui réussit le mieux à duper, à exploiter, à cracher sa colère de boutiquier - qui n'a pas de morale, mais que des intérêts, parfois des titres, pire encore des fonctions, mesurées au sol en pieds carrés de droit. 

C'est incroyable, mais c'est comme ça. Ça marche comme ça parce que ça meurt. Et en attendant, ça tue.

Je ne suis pas un influent. Je ne suis pas un installé. Je ne suis ni superstitieux ni croyant. Mais je désespère de n'avoir rien appris, d'être pris avec ma conscience, et de vouloir, encore, me battre contre des moulins à vent, alors que les débrouillards en tout genre rigolent.






mercredi 12 octobre 2011

DEUX FAÇONS DE « VOIR » LE FUTUR


Nébuleuse de la Bulle ( NASA )

À propos de l'Univers, et de la télé, perçus comme deux « espaces » en expansion accélérée...

J'ai publié quelques fois des photos éditées par la NASA, provenant la plupart du temps de pures visions célestes captées par Hubble. La NASA colore « scientifiquement » - dit-elle - ces photos, comme celle-ci, de la Nébuleuse dite de la Bulle: c'est un peu dommage que la coloration ait une intelligence scientifique, une probabilité matérielle; on voudrait que la NASA possède le talent d'un Chagall. ( Mon prochain billet, il portera sur Nice, tant qu'à faire. C'est à Nice que se trouve le musée Marc Chagall. Heureux hasard, j'y serai ! )

Si le grand historien américain Daniel Boorstin devait réécrire son chef-d'oeuvre, Les Découvreurs, un des plus grands livres d'histoire jamais écrits, Hubble y trouverait maintenant sa place, fabuleuse, poétique, pour un temps pacifique, poursuivant l'exploration amorcée et agrandie par Christophe Colomb, ou Sigmund Freud. Il y a de l'Amérique et de l'inconscient dans ces images révélées par Hubble; on s'étonne que des artistes aient pu les « voir », bien avant que Hubble en prouve l'indéniable existence, et en montre l'extraordinaire beauté. ( Encore que cette « beauté » s'ignore complètement, détail qu'on ne peut quand même pas négliger...  )

Qu'est-ce que la science apprend réellement des données qu'envoie docilement Hubble vers la Terre ? J'imagine que les découvreurs en apprennent beaucoup, et qu'ils théorisent sans cesse, passionnés, pour en arriver, par exemple, à cette découverte radicalement différente de tout ce de nous avions tenu pour acquis depuis un siècle: l'Univers s'agite sous l'action d'une énergie sombre, noire, inconnue jusqu'à présent, pas même supposée, et que son éclatement va toujours s'accélérant... L'hypothèse, devenue certitude et prix Nobel, est folle, parait-il. Elle est probablement, aussi, riche d'avenir. Reste à voir, comme on dit: mais peu probable qu'on « voit » à l'échelle d'une vie humaine.

De la même manière, il était sûrement fou de prévoir tout ce qui allait découler de cette nouvelle technologie, majeure dans l'histoire du XXè siècle, et qui allait changer nos vies, au moins autant que les découvertes beaucoup plus récentes de M. Steve Jobs : en 1947, la télévision commençait à peine à diffuser des images, et à ce que je sache, que dans la région immédiate de la capitale des États-Unis. Et pourtant, un cinéaste français intuitif, ou bien informé, en tout cas talentueux, a imaginé, dans un court film d'à peine quatre minutes, ce que pourraient être les retombées de la boite à images dans la vie quotidienne des gens. Ce petit film, je vous l'assure, vaut le coup d'oeil. On rigole, stupéfié. Mais quel est donc le génie qui a pu si bien prévoir.. ? Et on se rappelle que, contrairement à l'homme dont l'intelligence n'est que chaos, la science, elle, est largement prévisible, et qu'elle est, parfois, admirablement bien servie par le talent de qui la devine.