samedi 23 juillet 2011

PARLEMENT DU CANADA, 1849

Source: http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1f/Parliament_buildings_Montreal_1849.jpg



En avril 1849, une révolte particulièrement violente éclate à Montréal. Les insurgés, Anglais, s'en prennent - entre autres et surtout - à l'édifice du Parlement du Canada-Uni, qu'ils incendient. Le gouverneur, Lord Elgin, vient de quitter les lieux; en sortant par la porte principale, sur l'actuelle rue McGill, il se fait huer, chahuter, abreuver d'injures; sa voiture est bombardée d'oeufs pourris. Les députés, qui sont en session, s'échappent de justesse quand le feu éclate. Les boyaux d'arrosage ont été crevés, les conduites de gaz percées. L'incendie est formidable. En brûlant, l'édifice emporte avec lui un mobilier, des oeuvres d'art, et surtout une bibliothèque parlementaire, collection, unique en Amérique, de 25,000 bouquins, initiée au frais du Parlement ( et des citoyens ) du Bas-Canada, au tout début du 19ème siècle. Ce qui brûle, c'est l'essentiel du patrimoine politique national, surtout canadien-français. La perte est irréparable. La mémoire collective est trouée, à jamais atteinte; l'oubli deviendra plus que jamais la norme politique convenue.

Pourquoi ? Lord Elgin vient d'apposer sa précieuse signature, la sanction royale, au bas d'un projet de loi du gouvernement Lafontaine-Baldwin, qui a pour but d'indemniser les Canadiens ( du Canada-Est, c'est à dire les Canadiens français ) qui ont essuyé, sans avoir pris les armes et participé aux insurrections patriotes, des pertes matérielles considérables en décembre 1837. La répression faite par l'armée britannique contre les Patriotes avait été atroce, effroyablement vengeresse, aveugle, haineuse - on dirait aujourd'hui, très certainement, raciste. L'état de choc dans la population civile avait été considérable, d'autant plus que tout le monde français d'alors était potentiellement visé, que plusieurs ont été agressés alors qu'ils n'avaient pas bougé, faute de temps ou d'intention. Voilà ce que le Parlement de 1849 voulait réparer. Voilà ce que la communauté anglaise de Montréal ne pouvait accepter, si peu de temps après la tentative de révolution nationale de 1837. Voilà pourquoi une loi identique avait pu être votée et appliquée sans problème pour l'ancien Haut-Canada, mais qu'il était inconcevable, radicalement inacceptable que l'argent du contribuable anglais puisse être versé à des « nouveaux sujets », les Canadiens, si foncièrement, si évidemment déloyaux à Sa Gracieuse Majesté. Mieux valait incendier le Parlement. La tragédie a eu lieu le 25 avril 1849. 

Montréal en est restée longtemps discréditée. Il n'était plus question que la capitale de la colonie soit dans cette ville, malgré l'évidence des avantages à ce qu'elle y soit. Ottawa, capitale fédérale, allait surgir ( du néant ! ) et de ces événements de 1849. On a par la suite voulu oublier; et on a oublié, sans jamais rappeler la parenté pourtant évidente entre 1849, 1917 ou 1970 (crise de la conscription, crise d'octobre).

On a remis à jour les fondations de l'ancien Parlement du Canada, cet été, dans le Vieux Montréal, place d'Youville. Je voulais voir ça, ça m'émeut toujours, ces traces visibles du passé; je m'y suis rendu, avec V. La chaleur était écrasante. Il y avait peu de visiteurs. On a eu droit à une guide, pour nous seuls, pendant plus d'une heure et demie ! Elle en savait plus que moi, et j'en savais - souvent - plus qu'elle. Belle complémentarité, dont on a tiré, tous deux, beaucoup de plaisir. Mais détail amusant, V. est anglophone, et la jeune guide, pour expliquer les événements, marchait, comme on dit, sur des oeufs ! Je me suis chargé de nommer un chat, un chat.

Aux étudiants, j'ai souvent dit que le Canada actuel était probablement la démocratie qui censure le plus son histoire. J'en avais, hier, pendant cette belle visite aux ruines du vieux parlement, un bel exemple, frappant.








mardi 19 juillet 2011

DIRE LA MORT


Rembrandt, La leçon d'anatomie, 1632



Gustave Flaubert a mis des années ( cinq ans, pour être exact ) à écrire Madame Bovary. Il n'écrivait pas plus que quelques lignes par jour, sur lesquelles il bûchait, trimait, travaillait comme un forçat. J'imagine qu'il y a donc mis le temps pour saisir, en une seule phrase, sa conviction profonde quant à la mort:

« Il y a toujours après la mort de quelqu'un comme une stupéfaction qui se dégage, tant il est difficile de comprendre cette survenue du néant et de se résigner à y croire. »

C'est là une des phrases les plus fortes que j'ai lues sur cette question terrible qu'est la mort, et sur la croyance en la faillite irrévocable du sens, de la conscience et du temps. Flaubert a renouvelé ma foi.




dimanche 17 juillet 2011

ÉPISODE DANS LA VIE D'UN PROF



Dürer: Jeune homme au chapeau maron. Gemaldegalerie, Dresden.



Je l'avais déjà aperçu, il y a quelques mois de ça, marchant sur une petite rue du centre-ville, aux limites du Village, trop près du parc Émilie-Gamelin, pour que ça soit innocent, pur hasard; du reste, il m'avait évité du regard, délibérément, alors qu'en classe, il y a quelques années de ça, ce garçon, petit, mais musclé, tête rasée, éternellement sans sourire, me regardait attentivement donner mon cours, donnant l'impression de n'en rien manquer, pas un mot. Jamais Pierre-Étienne n'était venu me parler de quoi que ce soit, m'interroger sur quoi que ce soit. Il réussissait bien. Il repartait, le cours fini, aussi seul qu'il l'avait été en classe. Plus un regard pour moi. J'avais cessé de figurer dans sa vie. Il s'en allait ailleurs, je ne sais où, sans autre ami que lui-même. Avec son allure forcée de militaire, portant l'habit qui aurait dû le contraindre, il me fascinait. Comment pouvait-il me regarder avec une telle dévotion, puis m'éliminer de sa vie comme si je n'avais jamais eu d’existence réelle, autre que celle d’un prof qui apparaît et disparaît à heure fixe, une fois par semaine ?

J'ai revu Pierre-Étienne ce samedi, presque au même endroit, rue Sainte-Catherine, tout près, encore, du parc Émilie-Gamelin. Je sortais d'une grande pharmacie. Il tournait en rond, comme s'il suivait un plan imaginaire tracé sur le pavé, cherchant du pied un caillou sur lequel frapper. Il y avait tout autour une foule considérable. La rue était transformée en un immense marché aux puces qui s’étirait sur quelques kilomètres de long, d’est en ouest. Les habitués du petit coin de ville où j’étais n’avaient pourtant pas quitté les lieux. Les itinérants, les déficients, les toxicomanes s’y retrouvaient aussi nombreux que d’habitude. C’étaient eux que la foule des chercheurs d’aubaine importunait. Mais Pierre-Étienne me voit quand même, et cette fois, il vient directement vers moi, ne cache pas qu’il sait qui je suis.



- Je vous connais, vous, vous avez été mon prof d'histoire.
- Tout à fait, et je me souviens très bien de toi. T’as suivi un cours avec moi il y a 5 ou 6 ans de ça. Je pourrais encore te dire où tu t’assoyais en classe, et dans quel local le cours se donnait !
Je suis de bonne humeur, malgré la chaleur accablante de cette journée de mi-juillet. La rencontre est heureuse. Je souris facilement. Je suis content, flatté qu’il vienne me parler. Ça promet d’être un beau moment dans la vie d’un prof.
- Hey, vous me faites marcher. Vous ne vous souvenez certainement pas de moi. Comment je m’appelle ?
Je le lui dis, nom de famille et prénom. Il est étonné. Mais il se rapproche tout de suite, se tient à quelques centimètres à peine de moi. D’instinct, je dépose mon sac, met mes mains dans mes poches. S’il s’en aperçoit, il n’en dit rien, n’en tire aucune conclusion ; s’il est humilié, il n’en laisse rien voir.
- Vous devez vous demander ce que je fais ici ?
- Ici ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Ben ici. C’est un coin où il y a de la dope. Y’a des dealers partout. Et puis, c’est juste à côté du quartier gai.
- Je suis ici, moi aussi, et tu ne me demandes pas pourquoi j’y suis.
- Vous sortez de la pharmacie !
Et à brûle-pourpoint:
- Vous habitez dans le Village ? Êtes-vous gai ?
Je lui réponds franchement que j’ai des préférences, et que j’habite tout près, mais que je suis dans le quartier depuis tellement longtemps qu’il n’y a pas de lien à faire entre sa sociologie particulière et le fait que j’y habite. Il rigole gentiment.
- Vous n’avez pas changé. Vous parliez comme ça en classe. Je trouvais ça fascinant, parce que c’était comme si vous connaissiez un livre par cœur.
Je m’amuse à mon tour, tout en lui disant que je ne sais trop comment interpréter sa remarque.
- Vous étiez un excellent prof. Vous le savez. Tout le monde vous aimait.
Il nomme aussi un de mes jeunes collègues qu’il appréciait beaucoup. Et puis, s’installe l’inévitable moment creux, incertain, sans un mot qui ne vienne facilement. Ça se passe toujours comme ça, quand je croise d’anciens élèves. Dites, on a envie de continuer à se parler, ou on se laisse là-dessus, tout de suite ?



Pierre-Étienne ne s’éloigne pas, bien au contraire, quand je ramasse mon sac et me remets à marcher, il me talonne, toujours d’aussi près. Alors la conversation se dénature, glisse rapidement vers la tragédie. Il me raconte que ses parents l’ont mis à la porte. Qu’il vit en chambre, tout près, et que c’est minable. Qu’il ne pourrait pas m’amener là s’il le voulait, parce qu’il aurait honte. Il vit comme il peut. Il s’habitue. Il « avoue», il le dit comme ça, qu’il consomme. Parfois, il se retrouve mal pris. Des dealers le poursuivent. En ce moment même, il doit de l’argent, il est menacé. Il me demande si j’ai un t-shirt et des jeans noirs à lui « prêter », « parce que la nuit, je suis moins visible habillé comme ça, si je sors et que je vais dans le Vieux. »
- Je ne peux pas t’inviter chez moi, Pierre-Étienne.
- Ben, si vous en avez, allez les chercher, et ramenez-les-moi ici, si vous en avez le temps. J’en ai vraiment besoin.
Il n’est pourtant ni crasseux, ni  mal accoutré. Il est rasé de près, du jour même. Je promets de revenir. Je suis évidemment certain que j’ai, chez moi, les vêtements qu’il me demande. Je lui précise que je ne veux pas lui donner d’argent, mais que s’il a faim, je peux lui offrir quelque chose, par exemple lui payer un souper au resto.
- Pas question. Pas de charité. Pas de vous. Je gagne ce que je reçois.
Tout en parlant, on quitte la rue Sainte-Catherine, remonte la rue St-Timothée, approche de la rue Maisonneuve. Il y a là une entrée d’immeuble à logements mal entretenue, puante, mais discrète. Il me pousse légèrement jusqu’au seuil.
- Vous ne voulez pas baiser avec moi ? Je le fais avec des gars, quelques fois. Vous paraissez bien. Vous me payeriez. Ce ne serait pas de la charité.
- Je pourrais être ton père ! C’est impossible. Mais je vais aller te chercher les vêtements que tu m’as demandés.
- Ça me plairait, à moi, vous êtes beau bonhomme. Vous me payeriez, comme pour un salaire. Mais je ne pourrais pas rester chez vous après. Je ne resterai pas pour la nuit.



Il me passait, trop vite, toutes sortes d’idées par la tête. Lui mentionner, par exemple, au point où on en était, d’arrêter de me vouvoyer, ce que je me suis bien gardé de faire, surtout qu’il n’avait pas cessé de me serrer de près. J’ai eu envie de lui dire que je l’aimais, immensément, et que j’avais tous les pouvoirs imaginables pour le sortir du pétrin dans lequel il s’était enfoncé, je ne sais comment. Mais je me suis bien gardé de le lui dire, parce qu’il aurait pu y sentir un désir franchement sexuel de ma part, ce que je ne voulais surtout pas exprimer. J’avais envie de le sauver malgré lui, de l’adopter. Lui a peut-être deviné mon trouble. En tout cas, il s’est appuyé sur moi, tête penchée, et de son pouce replié, il m’a caressé.
- Pierre-Étienne, arrête ça. Je ne ferai rien avec toi. Je ne t’amènerai pas chez moi. Je n’irai pas davantage dans ta chambre avec toi. Je ne sais même plus si tu as vraiment besoin de jeans et de t-shirt.
- Je suis vraiment mal pris. J’ai vraiment besoin de me dissimuler. Je vais peut-être passer la nuit dehors. Les vêtements noirs vont m’être très utiles. J’ai besoin d’argent. Mais je n’en veux pas de vous si je ne fais pas quelque chose pour vous.
- J’imagine que tu as besoin de pas mal d’argent.

De pas mal, oui. Et je n’y pouvais en fait rien.


Je me suis dégagé. Il m’a encore suivi. « Pierre-Étienne, tu ne m’accompagnes pas jusque chez moi. » Je le vois faire un rapide signe de tête : il acquiesce. Il me dit :
- Si vous revenez, pouvez-vous m’acheter de la bière ? Je pourrais la revendre sur la rue, et me faire un peu d’argent comme ça.



Trente minutes plus tard, je suis retourné sur la rue Ste-Catherine. Il n’avait plus cherché à me suivre, ni à découvrir où j’habitais. Il m’attendait. Je lui ai donné le jeans, le t-shirt dont il disait avoir besoin. Il n’a pas jeté de coup d’œil curieux dans le sac. Il lui a fallu pas mal de bière, et une pizza, en « extra », m’a-t-il dit en blaguant. Je lui ai dit que j’étais bouleversé, inquiet, que je voulais lui laisser une adresse de courriel. Il a pris la fiche, a souri, l’a mise dans ses poches, m’a fait une rapide accolade, m’a tourné le dos, et a rapidement décampé, sac, bière et pizza en main, vers la rue Notre-Dame.



Il y a des moments d’amour d’une souffrance intolérable.



J’espère le revoir, bientôt, porter mes vêtements, et, en écrivant cela, je me sens prof comme jamais.


Note: Le prénom de mon vis-à-vis est ici évidemment fictif.




samedi 16 juillet 2011

LEVER DE PLEINE LUNE





Je vous assure, amis lecteurs, le lever de la pleine lune, ce soir, ( 15 juillet 2011 ), au lac, est un des spectacles les plus extraordinaires que j'ai vus, en pleine nature. La photo, même pas mauvaise, ne peut rendre justice à ce qu'on a vu. Nous étions éberlués. C'était gigantesque, rosi, enluminé dans une nuit particulièrement nette. Devant un tel tableau vivant, il y a quelque chose de l'homme intemporel qui revit puissamment en nous. L'émerveillement est presque déiste. C'est la lumière dans la nuit...




lundi 11 juillet 2011

JARDIN, COUR ARRIÈRE, 10 JUILLET 2011






Je devais, pour la remercier d'un service qu'elle m'avait gentiment, et comme d'habitude, généreusement rendu, envoyer quelques photos de mon jardin à Annie, cet après-midi. J'en retiens trois, et c'est par le blogue que je la salue, la remercie, lui dis que je l'apprécie énormément, qu'elle est une fille épatante, et une des belles rencontres que j'aurai faites grâce à ce blogue, et à d'autres aussi, qu'elle lit et commente intelligemment, comme elle le fait pour bien d'autres blogueurs.

Annie, c'est un coup de chance, pour son chum, ses enfants, ses amis, et très certainement aussi, pour son travail. On est plusieurs, j'en suis certain, à le savoir.

Merci, Annie !



dimanche 10 juillet 2011

FÉÉRIE DANS LE CIEL DE MONTRÉAL





Tout le monde les photographie, tout le monde les filme ! Il n'y a rien de bien original à montrer des feux d’artifice, surtout dans le ciel de Montréal où il y a déjà presque 30 ans qu'on en fait voir, été après été. Je n'y vais presque plus jamais... Je m'y suis rendu ce soir, avec un copain américain, qui tenait tant à les voir qu'il a retardé son retour chez lui d'une journée, et qui, heureusement, a fait ses délices du spectacle. ( Il vient du Connecticut, on peut comprendre son emballement ! ) Excité, carrément, qu'il était après la prouesse pyrotechnique ! Je l'imagine, à l'heure qu'il est, en pleine forme pour la longue nuit à danser qu'il projetait : heureux garçon ! Je ne l'ai pas suivi. 

Ma Chose vue du jour, en fait de ce samedi 9 juillet 2011, ce sont donc ces feux, présentés par une entreprise britannique, et qui n'ont pas manqué de vigueur, particulièrement durant les 25 dernières secondes, celles que je publie ici.

... Mais je reviendrai sur le iPad, sur iBook et sur Madame Bovary, ma découverte ( tardive, je sais bien ) des derniers jours: un choc littéraire, un étonnement, une totale fascination pour une oeuvre vivante, drôle, d'une écriture superbe, au sarcasme microscopique, une joie pour un historien: autre chose qu'un feu d'artifice pétaradant sans subtilité dans le ciel noir d'une nuit d'été, douce et complaisante, de Montréal.






vendredi 8 juillet 2011

iPAD 2






Il y a des tas de choses importantes qui se passent dans le monde. Et j’ai plusieurs sujets en réserve pour ce blogue. Mais malgré tout, ma Chose vue du jour ( de ce jeudi 7 juillet 2011 ), est bien ce petit iPad2 que je viens tout juste de m’acheter. Une merveille de technologie — le bijou du siècle m’a dit Mike B., et il n’avait pas tort. J’ai passé des heures à l’explorer, sans vraiment m’attarder ( une paresse intellectuelle que dénoncerait Wajdi Mouawad ! ) au manuel qu’Apple propose sur son site; j’y reviendrai. L. Et M., contents pour moi, m’ont beaucoup aidé à défricher, comprendre et fignoler l’arsenal de base de ce formidable petit portable, qui me facilitera la vie quand je me déciderai à voyager seul ! Parce que c’est le but véritable de cet achat: pouvoir être partout dans le monde en contact avec mes proches, quand le coeur souffrira un peu, et que j’aurai envie de voir une personne aimée en HD ! En attendant ce grand jour — où je me réjouirai , par exemple, de parler avec P., moi aussi équipé d’une caméra haute définition ! —, ce iPad est un petit bonbon de consolation que je me suis offert. Je suis déjà seul, célibataire, j’entends, ici même, à Montréal. Ça m’écorche un peu, jour après jour. Alors qui sait, il y a peut-être des applications, conçues pour le iPad, qui facilitent les rencontres par Internet !






mercredi 6 juillet 2011

MAURICIE : AU ROYAUME DE RUTH ELLEN

C’est en plein pays de Fred Pellerin que Ruth Ellen a été élue le 2 mai dernier. Et c’est dans ce pays, généreux de lui-même, bienveillant, petit paradis sur terre, que j’ai coulé les deux derniers jours, pleins de soleil et d’eau, tellement que j’ai cette nuit de petits problèmes d’équilibre qui me viennent invariablement quand je passe, sur un ponton pourtant tout ce qu’il y a de plus tranquille et de plus stable, de longues heures sur le lac. Pas vraiment désagréable, cette petite ivresse à peu de frais ! Elle fait durer le plaisir des quelques jours où, avec L. et M, il y a eu ce petit bonheur d'avoir été ensemble, tous trois, éminemment complices d’une fraternité dont on ne s’est pas privé. On s’aime beaucoup. La tendresse, bien sûr, aide à voir la beauté de paysages pourtant dépeints mille fois, de s’émouvoir de la grandeur d’un coucher de soleil pourtant trivialisé à outrance, à la grandeur de la planète, du mont Sinaï aux plages à touristes ! Regardez quand même ces Choses vues de ces 4 et 5 juillet 2011, elles sont belles, non ?  Il arrive parfois quelques instants où on a l’impression de saisir, d’un coup d’œil, toute la bonté du monde, toute sa couleur :





Mais la vraie Chose vue du jour, la plus étonnante, la plus déconcertante, de quoi séduire Apple toujours à la recherche d’images promotionnelles prouvant la passion inconditionnelle des usagers pour les produits de la célèbre pomme, c’est de voir M., le plus sérieusement du monde, en plein milieu du vaste lac, tout près d’une petite île entourée d'eau chaude, ne pas résister à l’envie de vérifier vite fait ses courriels sur son iPad2 ! C’était tellement cocasse que je l’ai photographié en vitesse, et c’est avec son accord que je publie ce document immortel, qui risque de le rendre à jamais légendaire – dans l’anonymat le plus complet !



Demain, jeudi au plus tard, je vais m’acheter, enfin, moi aussi, un iPad, l’« ordinateur » avec lequel tout est possible, même une baignade au pays de Ruth Ellen ! Ne manque, encore, qu’une application ( gratuite ! ) pour pouvoir rejoindre la députée dans les deux langues qui sont les siennes, désormais !




lundi 4 juillet 2011

« INDEPENDANCE DAY » AUX ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE






N'empêche, 1776 a été une de ces énormes années, marquantes à jamais dans l'histoire de l'humanité. Le texte magnifique de la Déclaration d'indépendance des Treize États Unis d'Amérique, durement négocié, proclamé à l'arraché, a fait le tour du monde, ou presque, dès 1776, traduit rapidement en allemand, en espagnol, en français ( par Thomas Jefferson lui-même ). Il allait secouer les fondements mêmes des sociétés occidentales de l'époque, fissurant irréversiblement le principe aristocratique, foncièrement inégalitaire, de ces sociétés. Il allait, surtout, donner aux peuples le goût de l'indépendance politique et nationale. La France allait entrer bientôt en révolution à son tour, et l'Amérique latine n'allait pas tarder à s'enflammer par la suite. Vers 1825, tout le continent américain s'était émancipé. Même Saint-Domingue s'était libérée de la France, devenant en 1804 la première république d'esclaves libérés de l'histoire: Haïti. La Nation libre et démocratique, c'était là le nouveau credo, exaltant. L'âge était à la liberté. Tout le continent s'était affranchi... tout le continent... sauf le « Canada », sensible lui aussi aux idées nouvelles, mais qui allait voir ses rêves de liberté écrasés dans le sang en 1837/1838. À la même époque, sur le vieux continent, les Italiens, les Polonais, les Irlandais se faisaient aussi tirer dessus à bout portant par leurs occupants. Ils ne devaient jamais abandonner la résistance. Ils sont aujourd'hui des pays libres.





samedi 2 juillet 2011

LES PLUS GRANDES DES CHANSONS ROMANTIQUES ( 3 )



Liste du CD « Chansons romantiques » générée par iTunes (RPL)



Le CD est maintenant fait, et, de plus, écouté plusieurs fois ! Il est le résultat d'un petit sondage, vous vous en souvenez peut-être, lancé auprès des lecteurs et lectrices de ce blogue; des camarades virtuels ont bien voulu participer, et proposer leurs préférences sentimentales, en fait de musique populaire. J'ai dû faire un choix, fatalement; je ne voulais pas me composer un CD en format mp3. J'ai retenu 18 chansons, dans l'ordre que vous voyez sur l'illustration de ce billet. J'ai essayé de donner une certaine cohérence au disque, sans que l'ordre que j'ai déterminé traduise quelque préférence. J'écoute ce CD avec un étonnant plaisir — merde, j'en ai même pleuré un bon coup, à l'écoute de la chanson de Mélissa Etheridge, Watching You. Il y a des chansons, parfois, qui sont plus vraies que vraies, dans le cours d'une vie. 

Comment je m'y suis pris ? Tout simple: à partir de fichiers flash, je me suis servi d'un remarquable petit logiciel gratuit* pour Mac qui permet le découpage, si nécessaire, de la vidéo, et l'exportation, par la suite, que de la bande sonore. Après quoi j'ai traité les chansons avec iTunes, et établi la compilation. Quelques minutes de gravure, et j'avais mon disque ! On n'arrête plus le progrès !

Piratage ? Les chansons sont sur YouTube, à la libre disposition de tous. Les logiciels aussi, sont libres d'usage. Alors ? Si c'est malgré tout du piratage, faites-le-moi savoir, en m'expliquant pourquoi. Je suis très scrupuleux, sur cette question, et j'aimerais bien savoir, si la façon de faire, toute simple, se révèle quand même discutable.

Je remercie mes amis de la réalité virtuelle ( de twitter, de la blogosphère ), qui ont pris plaisir à suggérer des chansons !
_________________________
*MPEG Streamclip 1.9.3b4 : excellent, incontournable, d'usage constant. Je le conseille fortement à tous.





vendredi 1 juillet 2011

HAPPY CANADA DAY ! BONNE FÊTE CANADA !







Comme on peut facilement le voir par mon illustration « home made », je n’ai pas le talent du Dr Jacques Ferron, pour manier durement l’humour contre le système !
Bof ! De toute façon, le système fonctionne parfaitement bien. Rendons-nous bien compte de ce fait extraordinaire, mais qui laisse tout le monde indifférent: exception faite des questions fiscales ponctuelles, comme le remboursement fédéral aux provinces qui ont harmonisé les taxes de vente, le gouvernement du Québec n’a plus aucune revendication constitutionnelle — aucune ! Le gouvernement de l’État fédéré qu’est le Québec n’a tout simplement pas de politique constitutionnelle, même que la vice première ministre, Mme Normandeau, a plutôt fait, à l’encontre de M. Amir Khadir, la promotion du système monarchique, et de la déférence qui lui serait due ! Au Québec, en 2011 ! Ce gouvernement n’a pas de politique constitutionnelle, sauf, peut-être, celle de la soumission tranquille, de l'aliénation consentie.
Je sais bien que le traumatisme lié à l’échec de l’entente du Lac Meech, et à la quasi-victoire des indépendantistes québécois au référendum de 1995 explique cette trouille à imaginer un nouveau pays. Pour mieux duper tout le monde, c’est le vieux système qui est systématiquement présenté comme novateur, porteur de valeurs inédites et jeunes, multiculturelles et inventives. Le mouvement national québécois, de révolutionnaire, ce qu’il était, et ce qu’il est encore, bien évidemment, dans sa dimension essentielle de libération nationale, est volontairement, méthodiquement présenté comme une affaire de vieux obsédés un peu racistes, un peu nostalgiques d’un passé qui n’aurait jamais existé. Et ça marche assez bien, faut-il le dire, assez bien pour que nos compatriotes aient congédié une des plus remarquables équipes parlementaires que le Canada ait connues. À l’image d’un gouvernement qui n’a plus de projets sauf de gérer à la petite semaine, il ne faut pas se surpendre que la population qui l’élit, l’écoute, et souvent le croit, finisse par voter n’importe comment, pour n’importe quoi, pourvu, pourvu que ce ne soit pas pour ces indépendantistes passés de mode et qui ne servent à rien d’autre qu’à entretenir de vieilles chicanes. L’époque est aux grands ensembles, c’est bien connu. Les petits peuples, tous les petits peuples, n’ont d’avenir que dans la poubelle de l’histoire — à la limite en laissant, ici et là, quelques curiosités matérielles et immatérielles.
C’est vrai que le Canada est un pays remarquable. On jouit, ici, de libertés individuelles nombreuses, très étendues. Mais ce pays s’est construit sur l’écrasement de projets concurrents, souvent plus anciens, des peuples indiens, des anciens Canayens. À cet égard, quand ça bouge sous sa botte, ce remarquable pays n’a jamais hésité, et n’hésiterait jamais, à se bafouer lui-même, et à écraser qui conteste sérieusement le système établi. Les peuples l’ont parfaitement bien compris. Les Indiens, les Québécois francophones rentrent dans le rang, renoncent, et font le dos rond, conciliants à souhait. Les ententes se multiplient.
On a donc raison, mille fois raison, de fêter le Canada: il a gagné, complètement, contre tous ceux qui pouvaient le contester. Et les Québécois, comme une bande de moutons serviles, et sans trop réfléchir, répètent à satiété les vérités qu’il faut admettre comme telles, désormais sacrées: ce pays incarne la jeunesse et la modernité.
God Bless Canada.