Croquis de David, 1793
Il y a 220 ans, aujourd’hui même, Marie-Antoinette, ci-devant reine de France, veuve Capet depuis l’exécution de Louis XVI, son époux, avec qui elle était mariée selon le rite catholique le plus strict, se dirigeait (un peu forcée) vers l’échafaud, pour apprécier à sa juste mesure l’efficacité du grand «rasoir national»... Le peintre Louis David s’était placé sur son chemin, et s’était rendu ensuite (en courant ?) Place de la Révolution (devenue depuis Place de la Concorde) pour voir, de ses yeux vus, la lame trancher le cou royal. (Comme tout mécréant, David était de ceux qui ne croyaient que ce qu’ils touchaient, ou presque...) D’où, les deux dessins qu’il a rapidement tracés, hyper célèbres, mais qui, selon certains, ne sont pas vraiment de beaux dessins...
La reine était devenue presque aveugle: elle n’y voyait plus rien, ce qui explique, peut-être, qu’elle écrasa le pied du bourreau, par inadvertance, et qu’elle s’en excusa, pleine de politesse et de sainte componction. Elle avait 38 ans. Elle en avait l’air du double, tant elle avait vieilli prématurément, mais on lui interdisait de porter quelque maquillage dissimulant ou crème qui masque... Elle n’avait plus le cheveu blond, mais blanc, et ne pouvait plus se faire coiffer à sa guise, chaque matin, comme toute femme libre de son corps pourrait le faire, une misère - bien que le matin de son exécution, on lui ait fait une petite coupe rafraichissante, que sa servante, tant bien que mal, avait cachée d’un simple bonnet sans ostentation... Les dessins de David sont là-dessus sans pitié. Ce sont les seules «photographies» de l’événement dont nous disposons. On peut leur supposer la bonne foi...
Durant son procès, la reine avait été odieusement calomniée, citée hors contexte, traînée dans la fange et dans la boue, accusée (sans preuve aucune) de félonie péquiste, toutes choses qui, de nos jours, seraient absolument impensables - particulièrement de journalistes intègres et chevronnés, s’exprimant sur les réseaux sociaux (le peuple hurlant et braillant des insultes, c’était, en ces temps de barbarie vulgaire, évidemment autre chose...) On avait privé la reine, dans son cachot sombre et froid, de tout signe religieux ostentatoire: l’époque était à l’incroyance militante, et l’esprit fort que je suis (athée, en plus) est embarrassé d’avoir à révéler pareille confiscation ignominieuse, avec ce qui n’était, après tout, que manière de bouts de tissus insignifiants, de morceaux de bois, rien de bien dangereux, qui auraient pu consoler le coeur de la malheureuse... Le fait est que la reine, rendue à sa dernière heure, refusa net de se confesser, malgré le prêtre qui la suppliait de le faire, encore dans la charrette brinquebalante qui la menait à sa triste fin: « allons, madame, lui disait-il, le siècle qui vient sera religieux ou ne sera pas, les croyants espèrent de vous, faites le pari de Dieu, sauvons la France et le monde du péril de la laïcité civique. » La reine, privée trop longtemps de signes ostentatoires, en avait perdu la tête, avant même que de la perdre plus concrètement encore, tout au fond d’un panier outrageusement laïque et républicain...
Marie-Antoinette a été sacrifiée. Elle eut, sur le fait, un petit sourire de béatitude, le dessin de David témoigne clairement de la chose. Jamais preuve de la réalité du Paradis n’a été aussi éclatante, du moins c’est ce que prétendent, encore de nos jours, les zélotes du Sabre et de la Croix, des Soucoupes volantes et des Textiles en tout genre... La reine n’est jamais «revenue», pas d’apparition ni rien, et n’a pu témoigner du Ciel, comme certains d’entre nous pourraient, encore de nos jours, l’espérer contre toute science et tout bon sens. Restent Lourdes et Sainte-Anne, dans l’attente...
Paix à la reine. Il y a 220 ans.
PS Si ce récit offre quelque ressemblance avec ce qui se passe au Québec, ce ne serait là que le fruit d’un hasard inspiré. N’y voyez (probablement) rien d’autre que la main de Dieu.
10 commentaires:
Rien d'autre que la main de Dieu alors il est fort en histoire ostentatoire ce Dieu !
C'est qu'il est Tout-Puissant, cet Ostentatoire... Remarque, c'est précisément cette toute-puissance qui pose problème, ici: pourquoi n'a-t-il pas sauvé la reine ? D'où vient le Tout-Arbitraire de Dieu, je te le demande ?... ;- )
Désolée je ne pourrai jamais répondre à cette question je ne crois même pas à la vie après la mort. Je suis toute aussi athée que toi. ))))))
Athée ? Et tu n'as pas honte, par les temps qui courent, d'avouer pareille intolérance ? ;-)
Rires ! Tu crois que je devrais consulter un puy de McGill ?
Tu es en pleine santé mentale, t'inquiètes pas pour toi, mais pour les autres !
Il semble que Mme Lortie aie eu la même inspiration que toi à quelques jours de délai.
http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/marie-claude-lortie/201310/25/01-4703522-googler-nos-prejuges.php
Ou peut-être est-elle lectrice de ce blogue ?
Le problème, ici, Annie, c’est que tu n’as pas écrit ton commentaire pour le bon sujet !
Mais je souhaite quand même que Mme Lortie me lise, remarque bien :-)
Un pur bonheur. Vous nous faites du bien.
Namaste
Merci, mille fois.
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