Source: http://www.en-quete.net/index.php?no=6&page=5
« — Ce qui me passionne dans l’art brut, attaqua-t-il comme si une interview commençait, c’est la liberté. La pureté. Tu sais comment Dubuffet le définissait ?
Narcisse fit poliment « non » de la tête.
L’autre poursuivit sur un ton moqueur :
— « Nous entendons par là des ouvrages artistiques exécutés par des personnes indemnes de toute culture artistique. De l’art où se manifeste la seule fonction de l’invention, et non celles, constantes dans l’art culturel, du caméléon et du singe. » Pas mal, non ?
Il cracha une grosse bouffée [de fumée] et devint soudain sérieux.
— Le seul poison, fit-il à voix basse, c’est la culture. Elle étouffe l’originalité, l’individualité, la créativité. (Il brandit son cigare.) Elle impose son putain de message politique ! »
- Jean-Christophe Grangé, Le passager
Cet extrait d’un roman de Grangé me rappelle un article, écrit pour L’Ordre (éphémère et brillant journal des années 1930, publié par Olivar Asselin), où Claude-Henri Grignon défendait l’idée qu’une «littérature nationale canadienne-française», réelle, substantielle, originale, ne pourrait naître que de la plume d’un ignorant — entendons, d’un auteur qui ne plagierait pas les écrivains français, qui ne les aurait pas même lus.
Réjean Ducharme ? Michel Tremblay ? Des archétypes de fantastiques — et nécessaires — «ignorants» risquant la littérature québécoise, alimentant l’effervescence créative des années de la Révolution tranquille ?
Auparavant, Claude-Henri Grignon s’était, dit-on, censuré, dans l’écriture d’Un homme et son péché. Quant au journal L’Ordre, il avait été condamné, en chaire, par le cardinal Villeneuve lui-même, primat de l’Église canadienne, et Asselin avait dû fermer boutique, non sans un petit sarcasme assassin contre «l’infâme»…
Le «soi» est brut, dans tous les cas de personne, seul lieu de rébellion véritable. Sinon, il n’est que de la copie, rampante, aliénée. C’est là une théorie dense, certes discutable, mais surtout libre. À lire Ducharme, Tremblay, et bien d’autres, on en sort facilement convaincu. Il y a un risque, toujours, à ce que la culture, (l'érudition, la civilisation), soit comme la religion, qu’elle enferme le créateur dans un dogme et qu’elle (le) tue.
Narcisse fit poliment « non » de la tête.
L’autre poursuivit sur un ton moqueur :
— « Nous entendons par là des ouvrages artistiques exécutés par des personnes indemnes de toute culture artistique. De l’art où se manifeste la seule fonction de l’invention, et non celles, constantes dans l’art culturel, du caméléon et du singe. » Pas mal, non ?
Il cracha une grosse bouffée [de fumée] et devint soudain sérieux.
— Le seul poison, fit-il à voix basse, c’est la culture. Elle étouffe l’originalité, l’individualité, la créativité. (Il brandit son cigare.) Elle impose son putain de message politique ! »
- Jean-Christophe Grangé, Le passager
Cet extrait d’un roman de Grangé me rappelle un article, écrit pour L’Ordre (éphémère et brillant journal des années 1930, publié par Olivar Asselin), où Claude-Henri Grignon défendait l’idée qu’une «littérature nationale canadienne-française», réelle, substantielle, originale, ne pourrait naître que de la plume d’un ignorant — entendons, d’un auteur qui ne plagierait pas les écrivains français, qui ne les aurait pas même lus.
Réjean Ducharme ? Michel Tremblay ? Des archétypes de fantastiques — et nécessaires — «ignorants» risquant la littérature québécoise, alimentant l’effervescence créative des années de la Révolution tranquille ?
Auparavant, Claude-Henri Grignon s’était, dit-on, censuré, dans l’écriture d’Un homme et son péché. Quant au journal L’Ordre, il avait été condamné, en chaire, par le cardinal Villeneuve lui-même, primat de l’Église canadienne, et Asselin avait dû fermer boutique, non sans un petit sarcasme assassin contre «l’infâme»…
Le «soi» est brut, dans tous les cas de personne, seul lieu de rébellion véritable. Sinon, il n’est que de la copie, rampante, aliénée. C’est là une théorie dense, certes discutable, mais surtout libre. À lire Ducharme, Tremblay, et bien d’autres, on en sort facilement convaincu. Il y a un risque, toujours, à ce que la culture, (l'érudition, la civilisation), soit comme la religion, qu’elle enferme le créateur dans un dogme et qu’elle (le) tue.