En 1980, l’Union soviétique (qui survivait encore) avait prescrit aux travailleurs québécois de voter Non lors du référendum québécois sur la souveraineté-association. La chose peut sembler surprenante, puisque le grand capital soutenait, avec une belle unanimité, le maintien de l’unité canadienne: elle ne l’est pourtant pas. Il est vrai que l’URSS, qui redoutait l’explosion, protégeait par là sa propre intégrité territoriale, multinationale, essentielle à l’illusion d’un « internationalisme prolétarien » en phase de matérialisation. Mais fondamentalement, cette recommandation de voter Non avait des bases idéologiques autrement plus importantes, qui dataient des principaux théoriciens que furent Marx et Lénine eux-mêmes.
Aux yeux du marxisme, quelque compromis, de quelque nature qu’il soit, avec le réformisme est pire que tout. Le réformisme dupe les exploités, en leur faisant croire qu’il y a moyen d’améliorer leur sort autrement que par la révolution. Le pire ennemi de tout travailleur, au premier chef de tout travailleur qui a développé une conscience de classe aiguë, est le réformisme. Un travailleur qui vote pour le Parti québécois, parti qui souhaite « civiliser le capitalisme », et qui veut aliéner ce travailleur par l’exaltation de son nationalisme indépendantiste, se trahit lui-même et trahit l’internationalisme prolétarien. Il n’y a donc aucun compromis possible avec un parti politique réformiste. Il faut lui refuser tout appui, pas même tactique, de court terme. Le réformisme est, en situation de crise, le support essentiel au capitalisme en phase de développement et de consolidation. Le réformisme ne propose qu’une modification des moyens d’exploitation que possède la classe dirigeante, qui concentre de plus en plus toute la richesse disponible. Déjà, au moment de la Révolution russe, les bolcheviques avaient refusé tout appui aux réformistes sociaux-démocrates et aux socialistes qui avaient pris le pouvoir en mars 1917. C’était là du marxisme pur et dur. En novembre 1917, les réformistes avaient de fait été éliminés, lors de ce qu’on appellera la Révolution d’octobre.
Le Parti québécois doit se rendre à l’évidence que jamais, jamais les élites politiques de Québec Solidaire ne se compromettront dans un programme réformiste avec lui. Jamais. QS a encore en mémoire, j’imagine, l’irréversible déclin du parti communiste français qui s’était compromis avec le parti socialiste du président Mitterrand entre 1981 et 1984. L’affaire lui avait valu d’être bouffé tout rond, et de disparaître. QS ne se laissera jamais bouffer, alors que c’est lui qui est en appétit. Et QS continuera d’attaquer prioritairement le Parti québécois, parce qu’à ses yeux, même réformiste, le PQ reste l’allié essentiel du système, celui du dernier recours quand le capitalisme est en crise et qu’il cherche à sauver sa peau.
4 commentaires:
Je suis tout à fait d'accord avec toi, il est temps de sortir de ce cycle dont l'absurdité ne semble pas encore évidente pour tout le monde. L'approche prudente de Nadeau-Dubois me donne un peu d'espoir sur le maintien de sa politique à long terme. Nous verrons bien !
Je suis plus sceptique que toi... Et en effet, nous verrons bien. Merci, Anne-Sophie !
Les faits nous démontrent que tu avais raison Richard ! Malheureusement.
Il ne reste qu'aux indépendantistes à quitter le rafiot "solidaire".
Jean-Robert Primeau :-)
C'est ce qu'on verra, s'ils quittent..! :-)
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