Charles Fouqueray, L'Apocalypse
Il faut refuser, toujours, de se laisser gagner par la peur, provoquée par des manipulateurs de toutes sortes, qui n'hésitent pas, depuis la nuit des temps, à brandir la fin du monde si l'on n'écoute pas, d'aventure, ce qu'ils ont à dire - par exemple l'appel du croyant fou, qui cherche à mobiliser les masses pour contrer les forces obscures et le mal agissant qui annoncent l'apocalypse. Le professeur Lorenzo DeTommasso, de l'Université Concordia, a été là-dessus, dans une entrevue publiée ce samedi, 5 février, particulièrement moderne, et d'autant plus percutant; il se fera quelques adversaires idéologiques, qui préféreraient qu'il se taise, c'est fatal.
« La croyance en l'apocalypse est l'une des plus toxiques qui soient. Je m'y suis intéressé dans le cadre de mes études en religion, mais j'ai rapidement constaté à quel point cette idée transcende les sociétés. À la base, il y a deux concepts: une dichotomie entre le bien et le mal, et l'idée que le monde dans lequel nous vivons est si dégénéré qu'il faut le supprimer pour qu'advienne un monde meilleur. (...)
[ Exemples d'attitudes apocalyptiques ? ] Il y a évidemment les sectes. Mais prenez la Corée du Nord, l'Iran, les fondamentalistes islamistes (...), l'extrême droite qui se sent menacée en Europe et aux États-Unis: ce sont tous des exemples d'apocalypticisme. Ou, dans un contexte différent, l'environnement: certains défenseurs de la planète veulent mettre un terme à toute activité industrielle, voire réduire le nombre d'humains. (...)
L'idée est de se soustraire à toute responsabilité et d'imaginer une solution magique qui fait abstraction de la réalité. [Il] y a [par exemple] les gens de Earth First, qui veulent se débarrasser de toutes les voitures. La position mitoyenne est inconfortable, c'est sûr, mais c'est la seule qui soit réaliste: l'humanité ne disparaîtra pas, la planète non plus, la nature et l'humanité trouveront forcément un moyen de coexister... L'apocalypticisme (...) est une réponse simpliste à des problèmes complexes. Comme George W. Bush, on ferme la porte à tout dialogue. On attend que la réponse au problème vienne d'un monde transcendant, formellement ou concrètement: Dieu, le messie, Obama, [l'écologisme] ou encore les forces de l'histoire du marxisme. »
Les dangers de l'apocalypse, Cyberpresse,
Publié le 05 février 2011 à 13h26 | Mis à jour le 05 février 2011 à 13h30
2 commentaires:
J'espère en effet que cette notion de fin du monde en 2012 ne deviendra pas virale. Elle semble contenue pour l'instant.
Je suis d'accord qu'il n'y a pas plus toxique qu'une idéologie où on peut se délester sans remord de toute responsabilité.
Voilà qui fera un ( possible ) sujet de discussion pour une prochaine rencontre, Annie !
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