dimanche 6 février 2011

L'AUTODESTRUCTION, GRANDEUR PLANÈTE


Charles Fouqueray, L'Apocalypse 


Il faut refuser, toujours, de se laisser gagner par la peur, provoquée par des manipulateurs de toutes sortes, qui n'hésitent pas, depuis la nuit des temps, à brandir la fin du monde si l'on n'écoute pas, d'aventure, ce qu'ils ont à dire - par exemple l'appel du croyant fou, qui cherche à mobiliser les masses pour contrer les forces obscures et le mal agissant qui annoncent l'apocalypse. Le professeur Lorenzo DeTommasso, de l'Université Concordia, a été là-dessus, dans une entrevue publiée ce samedi, 5 février, particulièrement moderne, et d'autant plus percutant; il se fera quelques adversaires idéologiques, qui préféreraient qu'il se taise, c'est fatal.

« La croyance en l'apocalypse est l'une des plus toxiques qui soient. Je m'y suis intéressé dans le cadre de mes études en religion, mais j'ai rapidement constaté à quel point cette idée transcende les sociétés. À la base, il y a deux concepts: une dichotomie entre le bien et le mal, et l'idée que le monde dans lequel nous vivons est si dégénéré qu'il faut le supprimer pour qu'advienne un monde meilleur. (...)

[ Exemples d'attitudes apocalyptiques ? ] Il y a évidemment les sectes. Mais prenez la Corée du Nord, l'Iran, les fondamentalistes islamistes (...), l'extrême droite qui se sent menacée en Europe et aux États-Unis: ce sont tous des exemples d'apocalypticisme. Ou, dans un contexte différent, l'environnement: certains défenseurs de la planète veulent mettre un terme à toute activité industrielle, voire réduire le nombre d'humains. (...)
 
L'idée est de se soustraire à toute responsabilité et d'imaginer une solution magique qui fait abstraction de la réalité. [Il] y a [par exemple] les gens de Earth First, qui veulent se débarrasser de toutes les voitures. La position mitoyenne est inconfortable, c'est sûr, mais c'est la seule qui soit réaliste: l'humanité ne disparaîtra pas, la planète non plus, la nature et l'humanité trouveront forcément un moyen de coexister... L'apocalypticisme (...) est une réponse simpliste à des problèmes complexes. Comme George W. Bush, on ferme la porte à tout dialogue. On attend que la réponse au problème vienne d'un monde transcendant, formellement ou concrètement: Dieu, le messie, Obama, [l'écologisme] ou encore les forces de l'histoire du marxisme. »

Les dangers de l'apocalypse
, Cyberpresse,
Publié le 05 février 2011 à 13h26 | Mis à jour le 05 février 2011 à 13h30

2 commentaires:

RannieB a dit…

J'espère en effet que cette notion de fin du monde en 2012 ne deviendra pas virale. Elle semble contenue pour l'instant.

Je suis d'accord qu'il n'y a pas plus toxique qu'une idéologie où on peut se délester sans remord de toute responsabilité.

Chroniqueur a dit…

Voilà qui fera un ( possible ) sujet de discussion pour une prochaine rencontre, Annie !