Je le connais, un peu, juste assez pour savoir qu’il est beau garçon, qu’il écoute beaucoup, beaucoup plus qu’il ne parle, et que le rêve de vie qui l’enfièvre et le préoccupe reste aux aguets, toujours. J’ai vu, le jour de notre seule vraie rencontre, Pierre-Yves saisir au passage, très vite, les bribes de récits qui l’éveillent, et qui pourraient, peut-être, s’immiscer dans l’existence telle qu’il la souhaite, appartenir pour de vrai à sa vie. De ces petits détails, je me rappelle très bien. (Il a dû, lui aussi, observer, se faire une idée de moi.) Quand j’y repense, à ce brunch chez Annie, je me dis que j’ai vu, de mes yeux, parce que j’étais attiré, fortement, et forcément ouvert à l’autre et curieux de lui, ce qui fait l’écrivain, ce dialogue permanent, inconscient, immensément solitaire, entre l’envie pressante du monde, et le détournement de désir vers l’écriture.
Je connaissais le blogue que Pierre-Yves tenait à l’époque, je ne sais plus comment, bien avant ce brunch de blogueurs où nous nous sommes rencontrés. Cette nuit-là, celle de mon premier tête-à-tête purement littéraire avec Kevin Zaac — Pierre-Yves, je découvrais une écriture, magnifique, bouleversante, singulière ; j’étais sidéré. J’ai lu ses billets, les uns après les autres, pendant quelques heures, avec la même passion qu’on met à lire un roman imprévu, qui s’avère un grand roman. Je découvrais un écrivain, un poète, un artiste, un créateur, quelqu’un qui raconte sa vie comme une authentique tragédie, avec l’attente, inévitable, d’un dénouement. Tout l'art d'un suspense dramatique, avec la passion qui s’installe. Le lecteur remonte le temps, comme on le fait toujours, lorsqu’on lit un blogue, à l’envers de l’ordonnance du récit classique. Kevin Zaac (j’aime beaucoup son nom de plume) a parfaitement compris la forme qu’impose le blogue à l’écriture. Il est un des rares écrivains que je connaisse à avoir créé de la littérature en ligne, sans chapitre mais par billet, un genre nouveau, évidemment, aussi soumis à contrainte que pouvait l’être, il y a longtemps, la rédaction d’une histoire sur rouleau de parchemin.
Il y a eu quelques ruptures dans l’œuvre de PY/KZ. Des blogues ont subitement pris fin, puis se sont relancés à nouveau, prolongés à dire vrai, sous un nouveau titre. Ce soir, cette nuit, j’ai lu la toute dernière mouture : Peau de tambour, Un blogue de papier. Et toujours autant de talent. Et toujours autant de beauté. Et toujours autant d’une détresse qui supplie l’amour, qui lutte au corps à corps avec la fin. Le récit de Kevin Zaac est un arbre, qui n’a de sens que dans ses racines, solidement accrochées à un ravin.
Adresse de Peau de tambour, Un blogue de papier: http://peaudetambour.wordpress.com
2 commentaires:
Salut Richard P.
Je te lis maintenant régulièrement avec intérêt et plaisir. PY/KZ n'est pas le seul dont la plume est lyrique et belle! Amitiés, JMQ
Merci ! Commentaire d'autant plus apprécié qu'écrire, même quelques lignes, n'est jamais facile, en tout cas pour moi. Amitiés !
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