Source: http://tomatoesfromcanada.blogspot.ca/2011/12/national-museum-of-american-indian.html
Il y a 559 ans aujourd'hui même, Constantinople tombait aux mains des Turcs, qui en faisaient Istanbul. C'était là l’aboutissement final de l'empire romain, version orientale.
Peu d'événements dans l'Histoire de l’Humanité ont eu des conséquences aussi décisives - et catastrophiques - que celui-là. Pour n'en signaler qu'une seule, Christophe Colomb avait deux ans, au moment de la chute de Constantinople. Jeune adulte, il en a bien connu l’impact en Europe, comme tous ses contemporains, surtout les hommes de la finance, les banquiers. Son aventure meurtrière en Amérique est indissociable de l'événement de 1453, encore que la recherche historique a évolué, et qu'on sait aujourd'hui que c'est la «fuite des capitaux» vers l'Orient turc, en espèces sonnantes, qui a provoqué la contraction de la masse monétaire en Europe, et partant, la recherche de nouvelles sources de métaux précieux vers l'Afrique et l'Amérique, et non le blocage des routes terrestres vers l’Asie. Le papier - les fameuses lettres de change - s’accumulait, les gens de finance s’inquiétaient sérieusement : comment finiraient-ils par convertir ce papier, et par être payés, enfin, en espèces réelles, d’une valeur incontestable ? Ces gens ne faisaient pas de bénévolat : du commerce, bien sûr, et beaucoup, beaucoup d’investissement dans la chair à canon… C’est cette conjoncture qui explique l’aventure à venir de Christophe Colomb. La science et les progrès dans la navigation de haute mer, oui, ça explique un peu ; mais les besoins du grand capital, ça explique beaucoup, énormément, bien davantage que les espoirs supposés de Dieu.
Les Turcs n'ont donc jamais bloqué la route de la soie. Cependant, ils ont prélevé des droits, sur les «épices» et autres marchandises de luxe exportées des ports du Proche-Orient vers Venise, par exemple. En Europe, le fric réel, palpable, dur et fiable comme une pièce de monnaie en or véritable, se faisait de plus en plus rare. Hélas pour eux, les Indiens d'Amérique, ceux au sud du Rio Grande, connaissaient l'or et l'argent. C’est ce qu’a vu, lucide, avide, criminel protégé par la distance et motivé par ses bailleurs de fonds, soutenu par la complicité des voyous qui formaient son équipage, Christophe Colomb, dès octobre 1492. Avec la « découverte » des peuples indiens d’Amérique commençaient la pire opération de pillage, et la pire tragédie génocidaire de l'Histoire: quelque chose comme 60 millions de morts. Dès 1492, Colomb écrivait : « Avec seulement cinquante hommes, nous pourrions les soumettre tous et leur faire faire tout ce que nous voulons. » L’année suivante, pour bien convaincre son banquier du sérieux de l’affaire énorme qui se préparait en Amérique, il lui met les points sur les i: «… les rivières, nombreuses, (…) charrient presque toutes de l’or »… Et dans son journal, il notait, inconscient de la parfaite immoralité de ses mots: « L’or est chose excellente. Quand on le possède, on fait tout ce que l’on veut en ce monde, et jusqu’à conduire les âmes en Paradis ». Le colonialisme commence. Et avec lui, la terreur contre les populations indigènes, populations indigènes vite réduites aux travaux forcés dans les rivières et bientôt dans les mines.
Certains s’indigneront. Las Casas, par exemple, qui résumera ainsi l’opération de conquête: « Notre activité [ à nous, Espagnols, ] n’a consisté qu’à les exaspérer [ les Indiens], les piller, les tuer, les mutiler et les détruire. Peu surprenant, dès lors, qu’il essaient de tuer l’un des nôtres de temps à autre… L’amiral [Colomb], il est vrai, était à ce sujet aussi aveugle que ses successeurs et si anxieux de satisfaire le roi [ et ses banquiers ] qu’il commit des crimes irréparables contre les Indiens. »
Heureusement, nous n’en sommes plus, de nos jours, avec les commerçants, les banquiers, et autres gens d’affaires, à ces temps obscurs, où la recherche de l’or, doré ou noir, pourrait encore une fois tout permettre, guerres illégales, meurtres et barbarie.