jeudi 30 juin 2011

ARRÊTER DE FUMER ( LE TABAC ! )


Picasso, Le fumeur, 1971



Il y a trois ans, aujourd’hui, jour pour jour, que j’ai arrêté de fumer. Ce n’est pas en soi une Chose vue, évidemment, même pas une affaire entendue, si ce n’est qu’une petite voix intérieure me dit: t’as bien fait, sois content de toi, tu vivras peut-être plus longtemps grâce à ça.
Soyons honnêtes: la première année a été difficile, parfois atroce. Je me souviens avoir dit à un copain, au resto, 14 mois après avoir cessé de fumer, qu’en prendre une, une seule, et je serais cuit. La serveuse m’a entendu m’ouvrir le cœur sur ma détresse d’ex-fumeur, et quand elle est revenue à la table, elle m’a servi cet avertissement solennel: « Mon père a arrêté de fumer il y a 25 ans, et il dit encore qu’une cigarette, une seule, et il est cuit ! »
Mais ce n’est plus le cas, maintenant. Je n’ai jamais l’envie de fumer. Il m’arrive de trouver que ça sent mauvais. Je refuse catégoriquement d’être intolérant avec les fumeurs, mais j’admets volontiers qu’un vêtement, qu’un fauteuil qui sent l’âcreté du tabac froid et humide, c’est très désagréable.
J’ai longtemps refusé de pardonner aux différents gouvernements le mensonge qui prétend, sans honte, et parfaitement hypocritement, par la voie ( endoctrineuse ) de leur ministère de la Santé, qu’un sevrage n’entraîne qu’une légère, et très temporaire, prise de poids. C’est faux. On grossit. On n’y peut rien. Et ça dure, ça reste, ça dégrade la shape. Il me faut, en ce moment, une diète relativement sévère, et un entraînement régulier, tous les deux jours, pour perdre ces kilos en trop: j’y arrive, j’en ai perdu sept ! ( M’en reste encore à perdre, mais bon, le plus gros est fait ! )
Trois ans. Trois ans déjà. Je suis fier de moi. Et sans rire, cela a payé ma Toyota !





lundi 27 juin 2011

UNAGAVA, QUÉBEC





Un collègue de travail, que j’aime beaucoup, m’a envoyé aujourd’hui, comme à d’autres, un courriel où il nous annonce un voyage en canot ( insensé, dangereux, sûrement passionnant, certainement déstressant de l’enseignement ! ), qu’il s’apprête à faire, trois semaines durant, en juillet.
Éric se rend dans la Péninsule d’Ungava, là où se trouve le Parc national des Pingualuit, lieu de préservation du plateau de la rivière Vachon, un territoire largement « vierge » de toute présence humaine, même inuit. Ce n’est pas la première fois qu’Éric s’y rend. Il déjà a exploré la région, seul, il y a quelques années, sous commandite du gouvernement. C’est un as du canot, un des meilleurs au Québec. Les Cris de la baie James l’ont déjà engagé, pour qu’il enseigne à leurs ados bouleversés par la modernité, déracinés dans leur propre territoire, des techniques traditionnelles qu’ils ne connaissaient plus, égarées par l’histoire, comme risquait de l’être tout leur patrimoine ancestral. C’est dire le talent d’Éric, géographe, aventurier, littéralement explorateur des temps modernes, prolongement d’exception, dans le Québec du Plan Nord et des nouveaux projets de développement, de ce qu’ont été jadis les coureurs de bois.
Soit dit en passant, je doute qu’Éric souscrive au Plan Nord, tel qu’il est fignolé en ce moment.
Toujours est-il qu’avec le courriel, venait une photo de l’accès au parc des Pingualuit, prise... le 9 juin dernier ! Tabarnak ! Quel choc ! C’est incontestablement ma Chose vue du jour. Je sais qu’Éric adore la nordicité, qu’il se surpasse dans ce genre de défi; qu’il s’est construit par mer et par rivières, par l’affrontement du désert nordique tout comme par le duel qu’il a mené avec la solitude himalayenne: tant qu’il y a la pureté des éléments, il est attiré, c’est sa spiritualité à lui, et il m’a souvent inspiré là-dessus. N’empêche, pour moi, cette photo d’été, c’est l’horreur et la stupéfaction, c’est la promesse du silence éternel, et c’est la mort. La toundra a sa beauté, sa grandeur, je n’en doute pas. Éric prendra sûrement des photos exceptionnelles. Il racontera son voyage comme un conte passionnant, une histoire fabuleuse à la Tintin. Je regarderai, et écouterai, s’il me propose de me faire le récit de son aventure. En m’assurant que je respire encore. 


L'Ungava. Photo tirée de Google Earth. 



dimanche 26 juin 2011

LE NU MASCULIN EN PEINTURE



Fraser Diesel: Pastel Life Study No 3



J’ai vu, ce soir, ce pastel d’un nu masculin qui m’a étonné, et plu, beaucoup. C’est l’œuvre de Fraser Diesel, peintre sud-africain, qui vit, travaille et expose maintenant à Londres. Je ne conseille à personne de chercher sur Internet des infos détaillées sur l’artiste, ni en français, ni en anglais d’ailleurs : il n’y a à peu près rien. Reste que j’ai aimé son dessin, comme j’ai aussi aimé ses œuvres abstraites, qui l’ont, semble-t-il, nettement mieux fait connaître que ses pastels et autres crayonnages d’homme nu, parfois nettement érotiques, à la manière de Cocteau.



Le dessin de Diesel m’a étonné, parce que la beauté est dans le style, dans la prestance caractéristique qu’il donne à ses modèles, dans la perception même qu’a l’artiste de la beauté de l’homme nu. C’est loin, très loin de l’intention érotique presque plagiaire, comme souvent. Remarquez bien, je ne vais pas prétendre au spécialiste du genre. Je ne connais pas grand-chose sur ce type de peinture, parce qu’en fait, je déteste ça. Trop souvent, la peinture contemporaine, qui se risque à peindre des nus masculins, s’inspire de la soft porno, ce qui me laisse complètement froid quand l’artiste qui s’en inspire jusqu’à la copier, prétend malgré tout faire de l’art. Je donne ici un exemple, mais il y en a mille de même tendance, l’exemple provenant d’un peintre américain, John Legrand, qui a pourtant connu son ( quart d’)heure de gloire, et qui a encore la cote.  


J

Le nu masculin est rare en peinture, on le sait, beaucoup plus rare que le nu féminin, si on excepte le goût des peintres majeurs de la Renaissance italienne, qui ont beaucoup aimé l’homme, et l’ont beaucoup peint, allant même, avec Le Caravage, jusque vers le jeune homme nu vraiment très, très jeune.

Je déteste donc les figurations d’homme nu. Mais il y a, bien sûr, des exceptions notables, qu’on découvre dans la production artistique de toute époque, et que je trouve parfois magnifiquement belles.

Par exemple ce Ganymède, peint sur une poterie grecque, image rouge sur fond noir, datant du 5e siècle av. J.-C..



Ou encore ce nu frontal, dessin de Michel-Ange – valeur sûre s’il en est une ! Ce dessin, c’est évidemment du grand art. Michel-Ange se faisait-il plaisir, comme Sade le fera plus tard, lui qui écrivait ses histoires pour s’exciter, et s’adonner ( longuement ) au plaisir solitaire ?  Le nu masculin est très présent dans l’œuvre de Michel-Ange, ça saute aux yeux les plus aveugles, comme est tout aussi évidente l’intention homoérotique de son travail. N’empêche, le talent est là, renversant, gigantesque, superbe.


Il y a quelques années de ça, comme beaucoup d’autres dans la communauté gaie, j’avais été fasciné par le réalisme stupéfiant, tout en même temps photographique et fantasmé, des œuvres de Paul Cadmus. J’en propose ici un des exemples les plus connus. Mais au moment où Cadmus peignait ce type de toiles, sa célébrité avait pulvérisé totalement la haine qu’il avait d’abord soulevée dans les milieux conservateurs états-uniens des années 1930, choqués par les fantasmes « marins » de l’artiste – assez semblables à ceux de Jean Genêt, en littérature.



Tout cela est intéressant, parfois très bien. Mais ça ne me change pas : à quelques exceptions près, je déteste les tableaux d’hommes nus, idéalisés jusqu’à la caricature, au corps présumément parfait, étendus sur fond de velours rouge, pour la plus grande édification d’un public d’amateurs, qui paraît-il, en redemande et paie facilement le prix fort pour ces chromos. 


P.-S. du jeudi 30 juin 2011:





Mon peintre ( probablement ) préféré, l'Allemand Albrecht Dürer, a peint cet autoportrait en nu de lui-même, qui échappe à toute catégorisation de la beauté masculine de pure forme, encore moins sensuelle. Cet autoportrait en tant qu'homme des tristesses ( 1522 ) est sans pitié pour le corps humain, pour l'homme vieillissant qu'était Dürer au moment où il s’est dessiné sans compromission, mais avec un talent extraordinaire pour exprimer sa détresse et sa folie. C’est qu’ici, comme dans le croquis de Michel-Ange, on a affaire au génie.



P.-S. du lundi 3 février 2014:

Je viens tout juste de découvrir (et d’admirer!) ce très beau nu masculin, un peu gréco-romain de style, un peu du goût de la Renaissance italienne aussi, dessiné par le hollandais Jean Grandjean, en 1779, deux ans avant sa mort: il avait 27 ans quand il a exécuté cette très belle gravure.



Par ailleurs, il vaut la peine de signaler un blogue de tumblr consacré à la représentation «artistique» du corps de l’homme (pas nécessairement nu, mais parfois nu et légèrement pornographique):
Monsieur Labette: http://monsieurlabette.tumblr.com








samedi 25 juin 2011

LES PLUS GRANDES DES CHANSONS ROMANTIQUES ( 2 )


Jeff Buckley: l'image même du romantisme



Il y a eu beaucoup de suggestions de faites, souvent inspirées, à mon premier essai sur ce thème, il y a deux jours. Avant d’en proposer une compilation, et de m’en faire un CD souvenir, en voici trois de ces grandes chansons, qui m’ont particulièrement remué. Ce premier choix est arbitraire, bien sûr; c’est le mien. Et ça me dégrise un peu de faire des singularités !
S’il y a encore des propositions à venir, elles sont d’avance les bienvenues ! C’est faire de passionnantes découvertes, que d’écouter dire et chanter l’amour. ( Surtout quand on a soi-même une petite peine qu’on retourne un peu sur elle-même... )

1. J’ai été absolument bouleversé par cette chanson de Jeff Buckley, Corpus Christi Carol. C’est d’une extraordinaire beauté, d’une extraordinaire pureté. La chanson date de 1504, à l’orée de la renaissance anglaise, et du règne de Henri VIII. On ne connait pas le compositeur. C’est presque l’hymne au chanteur inconnu... Magnifique.


2. Fragile, de Sting, est une ode à la révolution et à la mort. La chanson a été écrite en 1987. Depuis, comme tout le monde le sait, elle est devenue une véritable icône de la musique pop pacifiste. Elle n’est la seule, mais certainement une des plus belles, je crois.


3. J’ai hésité: Calling You, de Bagdad Café ? L’apputamento de Ornella Vavoni ? Ce sont des chansons superbes, mais j’ai eu une telle surprise, j’ai ressenti une telle fascination, à écouter Frida Boccara, interpréter L’année où Piccoli... , que je pouvais pas ne pas la proposer ici, dans ce tout premier petit florilège...

D’autres révélations à venir ? J’espère ! J’ai, comme Annie, comme Eliot, adoré me prêter au jeu, et j'aimerais bien qu'il se prolonge un peu...




vendredi 24 juin 2011

BONNE FÊTE NATIONALE !





Je suis de mauvaise foi, je sais bien. Cynique, et même un peu méchant ! Mais bon, je ne peux pas m'empêcher de rigoler un peu, tristement en fait, de ce qu'est la fête «nationale» cette année, et de ce que devient le Québec - je veux dire, bien sûr, du rêve que j'avais pour lui. Depuis le 2 mai dernier, je suis réaliste. Le rêve est mort. Mais j'aime toujours autant le peuple auquel j'appartiens, qui reste, comme l'était d'ailleurs René Lévesque, encore capable d'une incroyable délinquance. C'est faire preuve d'audace et de mépris du danger. C'est peut-être aussi un brin irresponsable. Mais à ce propos...

Laissons la chance au coureur. En attendant les preuves du renouveau, on peut toujours se permettre de sourire !





P.-S. En date du 26 juin 2011:
Je viens tout juste de lire cet article, publié dans la Cyberpresse du jour. Je l'ai trouvé à ce point juste, pertinent, excellent, et je partage à ce point l'analyse de l'auteur, surtout dans ses toutes dernières lignes, que je me permets de le reproduire ici. Parfois, il est parfaitement vrai que ce qui se conçoit clairement, trouve les mots pour se dire aisément !








mercredi 22 juin 2011

LES PLUS GRANDES DES CHANSONS ROMANTIQUES


Source: http://college.belrem.free.fr/expom_a/amour/amour.htm



Je vais commencer par vous faire un petit aveu: j’aime les chansons romantiques, qui font pleurer ! Disons que j’ai davantage d’affinités musicales avec Bach ( La Passion selon saint Mathieu ), Stravinsky ( Petrouchka ) ou Prokofief ( Roméo et Juliette ) — et puis encore avec Vivaldi, et puis avec cet incommensurable génie éphémère qu’a été Mozart, et encore avec cette éblouissante étoile filante qu’a été Pergolèse. En fait, j’écoute rarement de la chanson populaire, francophone comme anglophone. Ce n’était pas le cas quand j’étais plus jeune. Ce n’est pas le cas non plus, quand je suis triste et amoureux. C’est ce qui me donne envie, je crois, de me composer un CD de chansons romantiques immortelles. Et de faire, pour mieux réaliser le projet, une petite enquête là-dessus auprès de mes amis (es) lecteurs et lectrices. Quelle est donc pour vous, comme pour moi, la - ou les - chanson romantique vraiment marquante, à tout coup bouleversante, qui prend aux tripes, dévoile nos fragilités, et très souvent, témoigne de nos espoirs les plus insensés, que l’on ne cesse d’entretenir, dans notre petit for intérieur, un peu honteux d’avoir des goûts et des rêves aussi bon marché ?...
(Ceci dit, ce n’est pas quétaine. C’est vulnérable. Pleurer en écoutant une chanson triste, c’est comme se mettre le ventre à nu devant l’ennemi. Voilà pourquoi on s’en défend.)
Mes choix ? Je m’oblige à n’en retenir que trois, parce qu’il y aurait, aussi, T’es belle, de Ferland, Ne me quitte pas, de Brel, Et si tu n'existais pas, de Dassin, et Tu m’aimes-tu, de Desjardins...
Ton dos parfait comme un désert
Quand la tempête a passé sur nos corps
Un grain d’beauté où j’m’en vas boire
Moi j’reste les yeux ouverts
Sur un mystère pendant que toi tu dors
Comme un trésor au fond de la mer
J’suis un scaphandre au milieu du désert
Qui voudrait comprendre avant de manquer d’air
Y est midi moins quart
Et la femme de ménage
Est dans l’corridor pour briser les mirages
T’es tell’ment tell’ment tell’ment belle
Un cadeau d’la mort...

Un cadeau de la mort.

... Mais voilà, Édith Piaf a contribué, bien des années après sa mort, à révolutionner ma vie par cette chanson, qui affirme le droit d’aimer, envers et contre tous, tyrans, morales et préjugés. Il y a, en ce moment même, aux États-Unis, des personnes, hommes et femmes, qui se battent pour ce droit inaliénable à l’amour, et qui ne sont pas toujours entendus.


Susan Boyle, que j’ai écoutée 10 fois, 100 fois, tant cette dame ( que le concours, auquel elle a participé, ait été truqué ou non ), a superbement nié la médiocrité de la condition humaine par la beauté exceptionnelle de sa voix, et l’interprétation sublime qu’elle a faite de cette chanson:


Et enfin, Ginette Reno, qui, en 1975, et à nouveau à Québec, en 2008, s’est rendue à jamais célèbre par l’interprétation parfaitement extraordinaire, et presque surhumaine, de cette chanson, magnifique en elle-même, de Jean-Pierre Ferland. Ils ont été 300,000 à longuement l’acclamer, sur la Montagne, en 1975. Je n’y étais pas - trop jeune et encore à Québec ! Mais les quelques personnes que je connais et qui s’y trouvaient en parlent invariablement avec une émotion encore mal contenue.



Mes amis (es), risquez, et suggérez ! Vous m’aiderez à réaliser mon premier CD « Choses ( vues ) et entendues » !




mardi 21 juin 2011

QUAND LA JUSTICE PORTE À DROITE

Cyberpresse, extraits, lundi 20 juin 2011.





La Cour suprême des États-Unis a utilisé les mêmes arguments, à l’encontre de la plainte de milliers de femmes accusant l’entreprise multinationale Walmart de discrimination salariale, exactement la même logique juridique, appuyée par le même type d’arguments constitutionnels, que ceux qui l’avaient amenée, il y a 11 ans de cela, à accorder la Présidence à George W. Bush.
En décembre 2000, la Cour n’avait pas contesté, en soi, la victoire démocratique de Al Gore à la présidentielle; ce détail était secondaire; elle avait jugé que de recompter les votes dans les seuls districts où les résultats étaient contestés, dans le sud-est de la Floride, allait établir une inégalité de fait entre tous les électeurs américains, d’où qu’ils viennent, ce que la Cour jugeait contraire à la Constitution des États-Unis et au Bill of Rights. Ou bien, disait-elle, on recomptait tous les votes, de tous les électeurs, dans le pays tout entier, ou bien on n’en recomptait aucun. Au restant, précisait la Cour, c’est à l’État de Floride de juger de sa mécanique électorale. 
On connait la suite des choses. On en subit encore les conséquences désastreuses: la concentration de la richesse n’a jamais été aussi scandaleuse, l’écart entre les riches et les pauvres s’est creusé, la classe moyenne s’est dangereusement effritée, la guerre ( et la haine ) est devenue un instrument privilégié de politique étrangère.
La Cour suprême des États-Unis en a-t-elle tiré quelque leçon, un ou deux pincements au coeur ? Pas du tout. Dans le jugement qu’elle a rendu public ce lundi 20 juin 2011, dans l’affaire Women vs Walmart ( j’invente !), la Cour reste fidèle à la logique néolibérale que les conservateurs américains attendent d’elle, pour y avoir nommé la plupart des juges qui s’y retrouvent. La Cour ne conteste pas la discrimination salariale; ce détail est secondaire; elle juge le recours collectif irrecevable, que parce que la discrimination ne peut pas avoir été exactement la même, partout, dans le pays tout entier ! Il n’y a pas de redressement de tort possible si le correctif établit l’inégalité entre les citoyennes. Tant pis s’il y a tort, mais l’égalité passe avant tout.
Voilà qui s’appelle gouverner. Ce qu’ils sont bien, quand même, ces juges, à protéger les puissants de ce monde contre la démagogie démocrate !
Il ne faut pas croire qu’au Canada, «notre» Cour suprême fasse preuve d’un peu plus de générosité sociale. Elle est aussi colonisée que le reste de la société canadienne, aussi aliénée au justificatif américain que ceux qui ont nommé les honorables juges actuellement assis sur le banc. Rappelons-nous le jugement Chaoulli (2005): la Cour suprême du Canada a complètement, et radicalement changé le sens du droit collectif garantissant l’égalité d’accès aux services sociaux, tel que prévu dans la loi, pour privilégier une interprétation parfaitement aberrante, en fait typiquement néolibérale: ainsi la Cour a-t-elle réussi à faire croire que ce droit, de justice sociale, appelé parfois droit de seconde génération, garantissait en fait le droit d’un citoyen, quel qu’il soit, et riche de préférence, à payer pour des services privés si l’État n’était pas assez rapide pour assurer un véritable droit d’accès, non plus pour tous, mais pour chacun des citoyens considéré isolément, et la nuance est capitale ! Comprenons bien, ici, et très exactement, ce que cela veut dire: cela signifie que le droit collectif destiné à protéger les plus démunis est devenu un droit collectif perverti, destiné à protéger le droit d’accès ( rapide ! ) des plus riches au système de santé, qui peut se privatiser pour y pourvoir ! Ce qu’on doit à M. Trudeau et consorts est incommensurable, et dit-on, fait le Canada. Il fait tout au moins des riches heureux, c’est toujours ça de pris.
Voilà ce qui s’appelle répondre aux vrais besoins: entendons les besoins des riches cousus d’or, toujours de plus en plus riches, ici comme aux États-Unis, et qui n’entendent plus partager avec les pauvres, toujours de plus en plus pauvres, l’égalité d’accès aux programmes collectifs, et gratuits, de santé.
Ce n’est pas de la démagogie que de dire que les plus hauts tribunaux, américain comme canadien, savent parfaitement bien servir de marionnette juridique aux puissants de ce monde, quand l’urgence de les soigner avec célérité devient d’une navrante gravité. Quant aux autres, la multitude, le petit peuple bêlant, hé bien, qu’ils attendent, et à la limite, qu’ils crèvent gratuitement. Ça ne sera jamais autant scandaleux que l’élection de Bush, ou le jugement Walmart, incroyable rappel d’une justice dont on ne croyait plus qu’elle pouvait, aussi aveuglément, servir sans état d’âme le capitalisme sauvage. 




lundi 20 juin 2011

LES QUATRE SAISONS ( BLOGUE DE JEAN PROVENCHER )


Source: http://jeanprovencher.com/2011/05/18/lenterrement-des-morts-de-lhiver/#more-2105



J’ai découvert aujourd’hui, grâce à Twitter d’ailleurs, le superbe blogue , très soigné, que l’historien Jean Provencher diffuse, sur Internet, depuis deux mois déjà.
Magnifique ! Pour les passionnés d’histoire, et pour ceux et celles qui, plus simplement, aiment le Québec, et souhaitent toujours mieux le connaître, dans l’intimité de ses petites choses, qui sont ses racines et qui font son identité, ce blogue est un incontournable: à vos marque-pages !
L’illustration provient du blogue de M. Provencher. Il s’agit d’un charnier, érigé à St-Pierre, île d’Orléans. J’ai vécu mes étés d’enfance et d’adolescence sur l’Île. Et j’ignorais totalement la fonction sociale de ce bâtiment, d’une autre époque, et d’autres croyances. 




RUE STE-CATHERINE, AU SOLSTICE D'ÉTÉ


Photo ( banale ) prise par le blogueur



Très franchement, est-ce beau ? C’est rentable, ça oui sûrement, encore que pas pour tous les commerces, semble-t-il. Ça donne un refuge gratuit, convivial, et relativement sécuritaire pour les innombrables itinérants, et autres parias sociaux, qui s’y rassemblent durant l’été. Ça permet aux dames du quartier, à tous genres de dames, de faire de longues marches de santé dans le soleil cuisant du centre-ville. Ça donne une piste de course passionnante, pleine d’embûches et d’imprévus, pour les nombreux cyclistes qui parient, avec raison, sur l’amabilité des apprentis policiers qui n’ont pas tellement envie de se mesurer avec des citoyens qui ne sont jamais, de toute façon, soumis à quelque imputabilité, et qui le savent. Ça donne tout ça, la rue Ste-Catherine, piétonnière. J’en ai déjà parlé, ici.
Mais très franchement, est-ce beau ? 





vendredi 10 juin 2011

SOLEIL ( ET JARDIN ! )





J'ai passé l'après-midi au soleil, le meilleur antidépresseur qui soit, paraît-il ( 1 ). Je me sens toujours bien quand je me suis longuement inondé de lumière. ( C'est pour ça, je pense, que j'aime tellement la mer. ) Je jetais un coup d'oeil, de temps à autre, aux fleurs qui s'épanouissent... et je n'ai pas résisté à l'envie, ni de prendre quelques photos, ni d'en faire un petit montage à publier ! Et pourtant, sur Chroniques amnésiques, j'ai fait la même chose, année après année, souvent avec les mêmes plantes vivaces. Bah ! C'est pour le coup d'oeil, et c'est tout. J'avais, sur mon autre blogue, une discussion assez difficile durant l'après-midi. Je faisais souvent la navette entre le jardin et l'ordinateur. Aussi bien montrer qu'il y a aussi de la paix et de la bonté dans ce monde, et même dans ma cour !

Merveilleuse saison que l'été !



1. La vitamine D aurait un effet antidépresseur incontestable. C'est du moins ce qu'affirme le Dr Richard Béliveau.





dimanche 5 juin 2011

LIBERTÉS

Vu, et photographié, le samedi 4 juin, en fin d'après-midi




Il y a un Manifeste du Village ! Je n'en avais jamais entendu parler, pas davantage que de l'auteur, Guy Corriveau, que je connais pas non plus. Si tout le texte du manifeste est de la même encre que cette citation, retenue pour ce monument stalagmitique élevé par la Banque nationale, ( la Banque nationale ! ) en plein Village, rue Ste-Catherine, l'écrit est sans doute superbe, inspirant, mobilisant. ( Bien que j'aie quelque méfiance à ce qu'une banque l'ait récupéré... ) Il faudra donc que je fasse une petite recherche, que je lise le manifeste, et que je revienne là-dessus, éventuellement... 

Pour l'instant, je ne veux que partager l'étonnement - ravi -  que j'ai ressenti à voir et lire l'élégance et l'audace de cette pièce de mobilier urbain. C'est plutôt rare, on le sait, qu'on fasse preuve de goût dans le Village !