Photo: Cédric Delsaux
Drôle de rencontre, entre ce qui était destiné à être vu, admiré, par un observateur sans état d'âme, si ce n'est de ressentir le plaisir d'être là, et l'étonnement devant la magnificence d'un pouvoir dont la grandeur se réservait à la vue d'une élite de voyeurs, qui seule fréquentait la Galerie des Glaces; drôle de rencontre entre le château baroque de Versailles et une oeuvre d'art populaire, japonaise de forme et de culture, mais foncièrement américanisée, populiste, presque infantile, tant elle tient de Warhol et du pop-art, certes, mais aussi de la bande dessinée, et de la folie éclatée de l'art contemporain - du n'importe quoi mis en grosse boule. Je ne suis pas critique d'art - loin de là ! J'aime beaucoup Keith Haring, dont j'ai parlé sur ce blogue il y a quelques jours à peine. L'oeuvre de Haring est éminemment personnelle; elle est torturée; elle fait un effort pathétique pour être joyeuse. C'est un discours sans fin sur ce qui fascine Haring, et le tue. Je ne saurais dire si l'ouvre de Takashi Murakami, présentée fastueusement à Versailles, en 2010, a les mêmes qualités intimes. L'artiste a-t-il ressenti quelque chose, dites donc, en faisant son collage ? J'entends déjà ceux qui me crieront après, pour dénoncer mon ignorance, mon incapacité à rompre avec les formes anciennes de l'art... Il y aurait du vrai là-dedans: j'aime Bach plus que tout. Et il m'arrive de penser ( en silence ! ) que l'art contemporain est ( souvent ! ) une vaste rigolade, qui ridiculise le bourgeois, gros cochon comme chacun sait... N'empêche: que l'oeuvre de Murakami soit présentée en grande pompe, dans Versailles, tient de l'illumination délirante, peut-être géniale, peut-être canaille. Je ne sais trop. Je ne suis pas ( je le répète ) critique d'art. Il m'arrive de ne rien comprendre. Quoiqu'il me semble parfaitement comprendre que ce genre d'exposition, dans un lieu pareil, illustre à quel point l'art moderne est en fait un art d'élite, coûteux, essentiellement prétentieux. La photo est belle, c'est elle en fait qui me touche et me séduit. L'objet d'art provoque. Je suis tout près d'être scandalisé ! C'est pourquoi Alcib me conseillerait probablement, comme il l'a fait dans un commentaire pour l'Impératrice, de ne pas tomber dans le piège, et de n'en rien dire.
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