Un collègue de travail, que j’aime beaucoup, m’a envoyé aujourd’hui, comme à d’autres, un courriel où il nous annonce un voyage en canot ( insensé, dangereux, sûrement passionnant, certainement déstressant de l’enseignement ! ), qu’il s’apprête à faire, trois semaines durant, en juillet.
Éric se rend dans la Péninsule d’Ungava, là où se trouve le Parc national des Pingualuit, lieu de préservation du plateau de la rivière Vachon, un territoire largement « vierge » de toute présence humaine, même inuit. Ce n’est pas la première fois qu’Éric s’y rend. Il déjà a exploré la région, seul, il y a quelques années, sous commandite du gouvernement. C’est un as du canot, un des meilleurs au Québec. Les Cris de la baie James l’ont déjà engagé, pour qu’il enseigne à leurs ados bouleversés par la modernité, déracinés dans leur propre territoire, des techniques traditionnelles qu’ils ne connaissaient plus, égarées par l’histoire, comme risquait de l’être tout leur patrimoine ancestral. C’est dire le talent d’Éric, géographe, aventurier, littéralement explorateur des temps modernes, prolongement d’exception, dans le Québec du Plan Nord et des nouveaux projets de développement, de ce qu’ont été jadis les coureurs de bois.
Soit dit en passant, je doute qu’Éric souscrive au Plan Nord, tel qu’il est fignolé en ce moment.
Toujours est-il qu’avec le courriel, venait une photo de l’accès au parc des Pingualuit, prise... le 9 juin dernier ! Tabarnak ! Quel choc ! C’est incontestablement ma Chose vue du jour. Je sais qu’Éric adore la nordicité, qu’il se surpasse dans ce genre de défi; qu’il s’est construit par mer et par rivières, par l’affrontement du désert nordique tout comme par le duel qu’il a mené avec la solitude himalayenne: tant qu’il y a la pureté des éléments, il est attiré, c’est sa spiritualité à lui, et il m’a souvent inspiré là-dessus. N’empêche, pour moi, cette photo d’été, c’est l’horreur et la stupéfaction, c’est la promesse du silence éternel, et c’est la mort. La toundra a sa beauté, sa grandeur, je n’en doute pas. Éric prendra sûrement des photos exceptionnelles. Il racontera son voyage comme un conte passionnant, une histoire fabuleuse à la Tintin. Je regarderai, et écouterai, s’il me propose de me faire le récit de son aventure. En m’assurant que je respire encore.
L'Ungava. Photo tirée de Google Earth.
2 commentaires:
OUF ! je te comprends. Moi, qui hésite à me rendre en Gaspésie pendant l'été car j'ai toujours l'impression que je vais dans le Grand Nord...
J'ai beaucoup de difficultés à comprendre les gens qui s'organisent pour vivre 12 mois d'hiver ou presque. Cela dit, cet homme a vraiment l'air admirable !!!
Éric est vraiment un battant, un héros dans son genre, oui.
Quant à l'hiver permanent, j'évite, moi aussi ! :-)
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